Stefan Duchateau
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La devise que Pierre de Coubertin a prononcée lors de la création du mouvement olympique moderne en 1894 reste le mot d’ordre qui anime aujourd’hui les athlètes sur les terrains de sport de la Ville Lumière et de ses alentours. Les bourses feraient bien de s’en inspirer. Hélas, sur les marchés financiers, point de ‘plus haut’ ou de ‘plus fort’ actuellement. ‘Plus vite’, certes, mais dans la mauvaise direction.

Le saut de l’ange n’est malheureusement pas une discipline olympique, sinon nous serions montés plusieurs fois sur le podium au mois d’août.

De tels plongeons boursiers ne sont pas rares durant la saison des moissons. On peut l’expliquer en partie par la faible liquidité des marchés financiers : la moindre mauvaise nouvelle suffit pour déclencher des mouvements baissiers. La liste des débâcles financières au mois d’août est certes presque infinie, mais il s’est pourtant trouvé quelque chose ou quelqu’un pour y ajouter une nouvelle correction extrême des cours sur les bourses technologiques et un quasi-krach sur le marché japonais. 

Qu’est-ce qui a donc pu provoquer ce coup de tonnerre boursier ? Un nouveau séisme géopolitique qui nous aurait échappé ? Un ébranlement insurmontable dans le secteur financier ? Un basculement inattendu de l’économie dans l’ornière ? Rien de tout cela n’a été observé.

En tout cas, aucune évolution défavorable observée ces dernières semaines ne peut justifier une réaction boursière aussi spectaculaire. Nous osons donc déjà en conclure que cette implosion des cours représente une opportunité pour les investisseurs qui font preuve de la patience et de la persévérance nécessaires. Ces deux aspects seront toutefois mis à rude épreuve au cours des prochaines semaines. N’abandonnez pas trop vite : lorsqu’une telle occasion se présente, ne lui claquez pas trop vite la porte au nez. Ce n’était qu’un orage d’été, pour l’instant. Rafraîchissant rétrospectivement, mais quelque peu effrayant au moment où on le subit.

Certes, les marchés boursiers broient du noir depuis un certain temps, surtout du côté des entreprises de croissance. Cela s’explique par deux raisons. Tout d’abord, les cours de ces actions ont le plus augmenté et sont donc malheureusement les candidats tout trouvés à une correction. Mais cette vague de prises de bénéfices, somme toute naturelle, ouvre de nouvelles opportunités pour les investisseurs persévérants. 

Ensuite, le marché commence à remettre solidement en question les juteuses perspectives de croissance de ces entreprises au profil très prometteur. De notre côté, dans la mesure où les conditions géopolitiques n’évoluent pas dans le mauvais sens, nous restons enclins à valider ce scénario de forte croissance future. Mais la situation tendue entre la Chine et Taïwan nous inquiète. Pékin semble ne pas vouloir déclencher un conflit armé dans un proche avenir. Une telle intervention nécessiterait une opération amphibie d’une ampleur inédite, avec pour seule certitude des pertes énormes.

Depuis des siècles, la Chine suit une autre stratégie, qui est encore de mise aujourd’hui : l’île ‘rebelle’ est lentement mais sûrement mise sous pression. On le remarque notamment à la flambée des cours du germanium et du gallium, des matières premières dont la Chine détient le quasi-monopole et dont Taïwan, fortement dépendante de son industrie des semi-conducteurs, a cruellement besoin. Les flambées de prix de ces matières premières cruciales ont récemment provoqué de funestes répercussions, notamment pour ASML et Intel. 

Graphique 1 : Prix du germanium et du gallium par rapport à l’indice Bloomberg Commodity (en dollars)

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Le gros caillou sur lequel les marchés boursiers ont fini par trébucher s’est avéré être la publication, le vendredi 9 août, des chiffres du chômage américain. Ces statistiques avaient été précédées la veille par un mauvais chiffre ISM montrant que les secteurs industriels américains n’étaient pas l’abri d’une (légère) récession.

Les secteurs des services, en revanche, ne confirment pas ce scénario. La dernière interprétation (le lundi 5 août à 16 h) de cet indicateur avancé de la conjoncture pointe vers une modeste accélération de la croissance économique dans les secteurs des services (qui représentent plus de 70 % du PIB américain).).

Graphique 2 : Indice ISM pour les secteurs manufacturier et des services aux États-Unis

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Stefan Duchateau est professeur et expert auprès d’Investment Officer.

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