
Les troubles géopolitiques ont beau être omniprésents, les marchés financiers ne s’en soucient pas. La surperformance des marchés boursiers européens était particulièrement inattendue, et la cause en est tout aussi surprenante.
En ce qui concerne l’Ukraine, l’Europe est tout simplement exclue de la table des négociations de paix. Dans le même temps, on craint une nouvelle vague d’inflation. Pourtant, l’indice S&P 500 a atteint un nouveau record la semaine dernière. Les bonnes performances de ce dernier s’expliquent par la publication des bénéfices des entreprises pour le trimestre précédent.
Avec une augmentation de 16,9 % des bénéfices des entreprises américaines en glissement annuel, le quatrième trimestre 2024 est le meilleur depuis le dernier trimestre de 2021, avec toutefois de grandes différences entre les entreprises. Les entreprises européennes affichent également des résultats et des chiffres d’affaires supérieurs aux prévisions, mais dans une proportion moindre qu’aux États-Unis.
La période écoulée depuis le début de l’année comporte des surprises notables. La plus remarquable est peut-être la surperformance inattendue des indices boursiers européens qui, il y a peu, étaient considérés comme moribonds en raison de la guerre tarifaire qui s’annonçait.
Le secteur bancaire en pleine forme
Cependant, après une accélération fulgurante, l’indice sectoriel des banques commerciales européennes surpasse tous les secteurs. Même les puissantes valeurs technologiques américaines ne font pas le poids face à la vigueur des banques européennes.
Graphique : évolution des marchés boursiers américains et européens et des banques commerciales européennes (indice des cours en monnaie locale)
Cela est surprenant, car à première vue, le contexte n’est pas particulièrement favorable au secteur bancaire européen. C’est d’autant plus étonnant que le secteur doit réaliser des économies supplémentaires en vue des investissements nécessaires pour protéger l’environnement bancaire de la cybercriminalité et réaliser les efforts d’automatisation requis.
Cependant, la cause profonde de cette remarquable poussée (continue) de croissance des actions bancaires est pourtant assez évidente. Elle est à rechercher en premier lieu au niveau du passif du bilan bancaire. L’écart fortement accru entre les coûts d’emprunt et les taux interbancaires a conduit à un doublement de la marge financière. Cela entraîne à son tour une hausse exceptionnelle des bénéfices des entreprises bancaires, désormais pleinement comptabilisés.
Comparaison des principales banques européennes
Si l’on compare les grandes banques européennes cotées en Bourse entre elles, les différences majeures sont particulièrement frappantes. Toutes les banques n’ont pas été en mesure de convertir ces facteurs environnementaux favorables en gains boursiers.
J’ai examiné les performances boursières des 67 plus grandes institutions financières européennes au cours des cinq dernières années. L’indice des prix des banques européennes a augmenté de plus de 70 %. Les quatre banques ayant la plus grande capitalisation boursière (HSBC, UBS, Santander et Intesa) ont enregistré des gains boursiers de 63 %, 136 %, 54 % et 73 % respectivement.
Les meilleures performances boursières ont été réalisées par certaines banques italiennes de taille moyenne (Di Sondrio, BPM et Unicredit) et par la banque danoise Spar Nord (aujourd’hui rachetée). Celles-ci s’élèvent à plus de 200 %.
Le Crédit Agricole, KBC, Lloyds et Raiffeisenbank sont les moins performants, avec, respectivement, « seulement » 16 %, 14 %, 12 % et 8 % des rendements des marchés boursiers au cours des cinq dernières années.
Stefan Duchateau est professeur et rédige des chroniques pour Investment Officer.