Sachant que la Chine détient un quasi-monopole, son président a pris l’économie américaine à la gorge en renforçant encore les restrictions à l’exportation de métaux rares.
Pour pérenniser sa croissance exponentielle, le secteur technologique américain est devenu de plus en plus dépendant de ces éléments terrestres cruciaux, qui ont des propriétés particulières de conductivité électrique et de magnétisme.
À l’automne 2023, bien avant la récente vague d’augmentation des droits de douane, l’approvisionnement en métalloïdes vitaux que sont le gallium et le germanium a été en grande partie arrêté.
Graphique 1 : Évolution du prix de quelques métaux rares
Mais conscient de la force de sa propre position dans ce conflit commercial, Xi Jinping a durci sa position le 9 octobre afin de forcer les États-Unis à réduire les droits de douane très élevés sur les produits chinois et de faire remarquer au président américain qu’il avait largement dépassé les limites.. Tout comme en 2018, d’ailleurs.
Des marchés boursiers nerveux
C’est pourquoi des frissons ont parcouru les marchés américains lors de la séance du vendredi soir (11 octobre), alors qu’ils s’inquiétaient des possibles représailles de Donald Trump. Celui-ci avait en effet annoncé un doublement des droits de douane, atteignant un niveau bien plus dommageable pour les États-Unis que pour la Chine, tout en menaçant de couper les lignes d’approvisionnement en terres rares à long terme.
Pour l’instant, il s’agit principalement de démonstrations de force ostentatoires. Tout cela finira par s’arranger, mais le manque de compréhension culturelle des subtilités chinoises est effarant. Mais il reste encore du temps. Plus précisément jusqu’au 1er novembre (voire plus tard), ce qui, pour l’actuel occupant de la Maison Blanche, est une éternité.
Une chute des marchés boursiers (qui avaient gagné beaucoup de terrain) était inévitable, mais les actions ont résisté avec ténacité et ont opté pour une reprise (en dents de scie). En effet, malgré les augmentations des droits de douane mises en œuvre en 2025, l’impact inflationniste reste limité (pour l’instant).
Comme prévu, alors qu’environ la moitié des taxes à l’importation sont répercutées directement sur les consommateurs américains, cette pression à la hausse sur les prix est atténuée par la modération des prix des biens et services produits dans le pays, tandis que la perspective d’une baisse des loyers et d’une éventuelle réduction des prix des médicaments atténue les attentes en matière d’inflation.
Espoir de nouvelles baisses des taux d’intérêt aux États-Unis
Les marchés boursiers et obligataires ont même reçu un coup de pouce inattendu. Le président de la banque centrale américaine, souvent critiqué par Donald Trump, a même, pour une fois, prêté main-forte en évoquant le récent affaiblissement du marché du travail. Ce dernier est désormais considéré comme la priorité de la Fed, devant la lutte contre l’inflation.
Graphique 2 : Évolution prévue des taux directeurs américains
(Notez également la ligne verte : C’est la prévision faite le 3/10/2024. Peu de choses ont donc changé, malgré tout).
Cependant, le niveau actuel de valorisation des marchés boursiers aux États-Unis et en Europe rend le risque de chocs économiques ou géopolitiques plus élevé. Une évolution défavorable dans ce domaine se traduira spontanément par des corrections de prix à la baisse relativement fortes.
Toutefois, ce qui tire principalement les prix des actions vers le haut, c’est la perspective d’une nouvelle accélération des bénéfices des entreprises au cours des trois prochaines années (principalement grâce à de nouveaux investissements dans l’IA et aux économies de coûts qui en résultent).
Graphique 3 : Augmentation attendue des bénéfices d’exploitation au cours des trois prochaines années

Du spectacle à la Bourse
Les fournisseurs d’applications d’IA spécifiques (comme Bigbear.ai ou Soundhound.ai) justifient leur (énorme) hausse de cours par une étude récente du célèbre MIT qui a montré que (jusqu’à présent) la rentabilité des investissements en IA est directement liée à l’utilisation d’applications d’IA spécialisées.
L’informatique quantique offre des possibilités illimitées et, à l’avenir, modifiera profondément la cryptographie (la création de codes robustes et le cryptage sécurisé des données) et la cryptanalyse (le décryptage de ces codes), posant des défis extrêmes à la sécurité numérique de l’Internet. Quand cela se produira-t-il exactement ? À partir de 2030. L’informatique quantique pourrait donner lieu à des percées spectaculaires dans divers domaines scientifiques, économiques et sociétaux.
Cependant, des problèmes physiques se posent pour les entreprises dont le cours des actions est en forte hausse, comme Rigetti, IonQ ou D-Wave en particulier. Pour obtenir des résultats stables, les ordinateurs quantiques doivent pouvoir traiter au moins 1 million de qbits (unité d’information quantique). Actuellement, ils ne traitent que 1 000 bits quantiques et les résultats des calculs montrent une marge d’erreur intolérable.
Le problème se pose sérieusement dans deux domaines. D’une part, la connectivité entre les microprocesseurs doit être considérablement améliorée et, d’autre part, la conductivité de l’énergie doit être suffisamment élevée. Cette conductivité de haute qualité ne se trouve que dans les éléments de terres rares et les métalloïdes évoqués au début de cet article.
Stefan Duchateau est professeur et rédige des chroniques pour Investment Officer.