
Le mercantilisme est une doctrine économique qui vise à accumuler des richesses par des excédents commerciaux et des mesures protectionnistes. Elle trouve une partie de ses racines au XVIIe siècle, en France sous Jean-Baptiste Colbert, ministre des Finances de Louis XIV, avant d’être largement adoptée dans l’Amérique du XIXe siècle y façonnant durablement les échanges commerciaux, les industries et l’emploi.
Les récentes mesures protectionnistes de Donald Trump marquent une résurgence de cette doctrine dans la politique contemporaine.
Pour bien comprendre les enjeux liés à cette nouvelle configuration, nous allons, dans les lignes qui suivent, tenter de retracer son influence aux États-Unis, en comparant ses débuts avec les politiques colbertistes, en explorant l’ère des tarifs douaniers, le virage vers le libre-échange au XXe siècle, les bouleversements liés à l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001, et enfin les ambitions actuelles de Donald Trump.
Nous nous inspirons de diverses publications sur le sujet mais aussi des interventions récentes de Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain et Howard Lutnick, secrétaire au Commerce du gouvernement Trump. L’objectif final étant de comprendre dans quelles mesures le mercantilisme continue d’influencer l’économie américaine et mondiale et quel est son impact potentiel sur les marchés financiers, entre promesses de relance industrielle et risques de tensions globales.
Retour sur les fondations du mercantilisme : de Colbert à Hamilton
Jean-Baptiste Colbert fut l’incarnation des débuts du mercantilisme dans la France du XVII siècle. Son ambition était de renforcer la puissance nationale par des droits de douane élevés sur les importations et des subventions aux industries domestiques, comme le textile. A l’époque, cette stratégie a permis à la France d’accroître ses réserves d’or et d’argent, tout en posant les bases d’une économie plus autosuffisante. Les politiques de Colbert, rigides mais efficaces, ont ainsi transformé le paysage industriel français.
Un siècle plus tard, au lendemain de leur indépendance, les États-Unis ont repris cette logique pour soutenir leur industrialisation. Ainsi, dès 1789, le Tariff Act, porté par Alexander Hamilton, premier Secrétaire au Trésor, marqua les débuts de cette politique. Hamilton, convaincu que l’industrie nationale était essentielle à l’indépendance, imposa des droits de douane pour protéger les manufactures face à la concurrence britannique, tout en finançant le gouvernement. Il voyait dans ces mesures un moyen de transformer une économie agraire en une puissance industrielle. Sous son influence, les Etats-Unis maintinrent, tout au long du XIXe siècle, des tarifs élevés ; ces derniers atteignant près de 50% à la fin des années 1890 (avec les tarifs McKinley). Au cours de cette période, l’industrie américaine s’est épanouie, employant toujours plus de main-d’œuvre et jetant les bases d’une puissance économique mondiale.
Contrairement à la politique de Colbert en France, pour les Etats-Unis, l’objectif n’était pas tant d’amasser des métaux précieux que de bâtir une base industrielle solide. Ce pragmatisme a porté ses fruits, propulsant le pays vers un statut de géant économique à l’aube du XXe siècle.
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