La banque privée d’ABN Amro vise une croissance autonome sur ses principaux marchés, mais procédera « certainement aussi » à des rachats. À court terme, l’accent est surtout mis sur la poursuite de la numérisation.
Lors d’un entretien avec Investment Officer qui faisait suite à l’annonce du rachat de Société Générale Private Banking lundi, Pieter van Mierlo, le CEO d’ABN Amro Private Banking, a indiqué : « Nous remplaçons actuellement le système bancaire central, la plateforme sur laquelle s’articulent toutes les composantes. Nous procédons par phases et le processus devrait être achevé d’ici deux ans. »
Il sera ensuite « beaucoup plus facile » de mener des acquisitions, même si le rachat des activités belges de Société Générale, annoncé lundi après bourse, montre que la banque est déjà dans les startingblocks. « Nous sommes constamment à l’affût de nouvelles opportunités. »
Un mariage parfait
Pieter Van Mierlo qualifie ce rachat de « mariage parfait ». « En termes de compétences et de culture, les deux banques privées sont vraiment similaires, ce qui va faciliter l’intégration. Nous pourrons dégager de belles synergies et le rendement devrait nettement s’améliorer en Belgique. »
Le PDG d’ABN Amro Private Banking ne peut toutefois pas encore se prononcer sur les conséquences en termes d’emploi. « Bien sûr, ces synergies seront recherchées sur des fronts très divers, et notamment l’automatisation et nos implantations. Notre force de frappe commerciale va sans aucun doute augmenter. Nous allons nous appuyer sur les banquiers pour croître de manière autonome. »
Sur la question de l’implantation, ABN souhaite parvenir à « une équipe combinée, sur le site le plus beau. » S’agira-t-il de Gand, où est basé Société Générale, ou d’Anvers Berchem, où ABN AMRO prend ses quartiers ? Pour l’instant, la question n’est pas tranchée.
Les collaborateurs belges de Société Générale ont réagi avec enthousiasme à l’annonce de leur rachat par ABN Amro, souligne Pieter Van Mierlo. « Depuis un certain temps, la rumeur courait que Société Générale voulait quitter la Belgique. Ses équipes se réjouissent d’avoir une certaine visibilité sur leur avenir. »
L’intégration pourra commencer après l’obtention de toutes les autorisations nécessaires et la finalisation du rachat, soit probablement au premier trimestre 2019.
Viser la tête de classement
Si l’actif sous gestion d’ABN Amro en Belgique dépasse les 12 milliards d’euros du fait du rachat, la banque ne se classe pas pour autant parmi les cinq plus grands acteurs du secteur, comme c’est le cas en France et en Allemagne. D’autres acquisitions seront nécessaires pour y parvenir.
« Cette reprise des activités belges de Société Générale a fait du bruit. D’autres opportunités s’ouvriront sans doute à nous ces prochaines années, et nous les étudierons avec beaucoup d’attention. »
Dans le marché d’aujourd’hui, il est essentiel d’avoir une taille critique. « Je pense que de nombreuses petites banques privées devront fermer ces prochaines années, car les frais et commissions sont en chute libre. »
Des coûts élevés
Pieter Van Mierlo souligne que les coûts de l’automatisation sont élevés. « Cette année, nous allons dépenser pas moins de 200 millions d’euros pour ce poste. Je ne parle pas de millions, mais bien de dizaines de millions d’euros – ce sont des sommes énormes. La question est donc de savoir si un petit acteur peut se permettre cette dépense dans un marché où, de surcroît, l’épargne ne rapporte plus. Avec les taux bas, les banques privées obtiennent aujourd’hui des rendements inférieurs à ceux du passé. Pour atteindre de meilleurs rendements, il faut gagner en envergure. »
Pieter Van Mierlo se déclare par ailleurs « très satisfait » du rendement sur le capital obtenu par ABN Amro. « Nous dégageons environ 16 %, mais nous voulons dépasser les 20 %. Je pense que nous y parviendrons l’année prochaine. »
Les investissements dans l’automatisation permettent avant d’économiser au niveau du mid-office et du back-office. « Les flux administratifs sont en cours de numérisation. Cela entraînera la disparition de 650 postes équivalents temps plein sur une période de deux ans, surtout en Allemagne en France. »
Communiquer à distance
Pieter Van Mierlo explique que la banque « met également l’accent sur la numérisation au niveau opérationnel. La relation client à distance s’impose de plus en plus sur le marché. Nous voulons poursuivre l’optimisation des systèmes sous-jacents. En Allemagne et en France, nous avons mis en place un portail très avancé avec un chat et de nombreuses autres fonctionnalités, que nous allons déployer dans d’autres pays. »
Pour suivre l’air du temps, le PDG a également décidé de revoir les horaires d’ouverture des filiales. « La banque privée est traditionnellement ouverte de 9 h à 18 h, sauf accords spécifiques à l’échelle locale. Les clients nous demandent d’ouvrir le soir et le samedi. Nous y réfléchissons aussi. »
ABN Amro a récemment fermé sa banque privée en Asie, au Moyen-Orient et au Luxembourg, pour diverses raisons. « Nous n’avions pas la bonne échelle, ou alors c’était la compliance qui péchait. La mise en conformité est plus ou moins facile selon les marchés. La question du rendement a aussi été prise en compte dans ces décisions. »
ABN Amro concentre désormais ses activités de banque privée sur ses cinq marchés principaux : les Pays-Bas, où la banque est leader du marché, la France, l’Allemagne, la Belgique et les îles Anglo-Normandes. ABN Amro Private Banking gère plus de 200 milliards d’euros pour ses clients.