Julien Bras, Allianz GI
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Le nombre d’émissions d’obligations vertes dépassera cette année le volume de 2017, une année record. C’est ce que prévoit Julien Bras, gestionnaire de portefeuille et spécialiste des obligations d’Allianz Global Investors. « Le défi reste la diversification. Les entreprises de tous les secteurs ont la possibilité de faire un geste pour la planète via leurs investissements. Nous pensons que nombre d’entre elles franchiront le pas cette année. »

Avec 135 milliards de dollars en émissions d’obligations durables, 2017 a été un excellent millésime pour l’investisseur vert. En quatre ans à peine, le marché a enregistré une croissance de 10 milliards à 250 milliards d’USD. Cette hausse s’explique principalement par l’émission d’obligations d’entreprises dans les secteurs de immobilier, des transports et bancaire, selon Julien Bras. 

« Les banques peuvent jouer un rôle très utile dans le financement de petits projets (adaptatifs). Les parties qui souhaitent le faire ont généralement besoin des banques. Elles peuvent un créer un pool afin de financer des prêts aux entreprises en intensifiant les obligations vertes en circulation. Dans des villes comme Londres, New York, Paris et Tokyo, on assiste également à des investissements massifs dans l’extension des transports publics en vue de limiter l’utilisation des véhicules particuliers. »

Un reporting de plus en plus crédible

Les nations émergentes comme la Chine et l’Inde se fixent elles aussi d’ambitieux objectifs dans le cadre de la réduction des gaz à effet de serre. Julien Bras : « On constate que ces pays mettent tout en œuvre pour limiter l’utilisation de trains au diesel, par exemple. La Chine, en particulier, veut être prise au sérieux dans sa volonté de se positionner en tant que précurseur de l’économie durable. Les rapports des parties émettrices sont de plus en plus détaillés et par conséquent plus crédibles. »

En raison du manque de critères internationaux univoques, la sélection de green bonds reste un processus sûr, selon Julien Bras. Et même s’il n’existe pas encore de règles d’application globale, le marché fait tout pour établir des critères minimum communs. L’International Capital Market Association (ICMA) a ainsi dressé des “Green Bond Principles” et l’organisation internationale “Climate Bond Initiative” a développé une certification pour les obligations vertes.

Attention au greenwashing

Julien Bras : « Vu la popularité des obligations durables et le manque de règles, l’investisseur doit faire preuve d’une vigilance constante à l’égard du greenwashing. Les émetteurs doivent pouvoir prouver qu’ils consacrent effectivement l’argent prêté à des projets écologiques. Un impact positif sur l’environnement doit également être démontré. Un investissement dans l’efficacité énergétique accrue doit ainsi générer une amélioration de la production, mais si l’énergie utilisée provient toujours de ressources fossiles, on peut difficilement parler d’écologie. »

La recherche d’une répartition suffisante constitue un défi supplémentaire pour l’investisseur en obligations vertes. La croissance explosive du marché des green bonds pousse les entreprises de tous les secteurs à s’engager dans cette direction au cours des années à venir, estime Julien Bras. « Nous prévoyons une diversification sectorielle accrue dans les obligations d’entreprises. Et nous invitons surtout l’industrie active dans la production intensive d’énergie à adopter cette démarche. Si ce secteur opère ce changement, nous aurons effectivement ouvert la voie vers une économie durable. »

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