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Lorsque la bourse britannique chute, on déclare que c’est à cause du Brexit ou du fait que le coronavirus a frappé les Britanniques plus durement que le reste de l’Europe. Ces deux explications sont absurdes. Il n’y a aucune bourse au monde où sont cotées autant de multinationales qu’à Londres. La bourse britannique dépend donc à plus de 80 % de l’évolution du reste du monde.

Le fait que la bourse britannique (-20 %) soit toujours à la traîne par rapport au reste de l’Europe (-7 %) est principalement dû à la composition sectorielle. Par exemple, le secteur IT ne pèse que 1 % au Royaume-Uni, contre près de 30 % aux États-Unis. Toutefois, les secteurs de l’énergie et de la finance sont bien représentés. Au début de l’année, l’énergie avait une pondération de 14,4 %, contre 4,3 % aux États-Unis. Ce qui fait une fameuse différence lorsqu’un tel secteur diminue de moitié en valeur.

Produits financiers

Au début de l’année, le secteur financier avait une pondération de 20 % au Royaume-Uni, contre 10 % aux États-Unis. Aux États-Unis, les cours des banques et des assurances ont baissé de 20 %, contre 50 % en Europe. Après correction afin de tenir compte des différentes pondérations sectorielles et de la mauvaise performance des cours des produits financiers européens, le FTSE 100 se situe cette année à -3 % et non à -20 %. 

Ces -3 % pour la bourse britannique correspondent justement au rendement du DAX, l’une des bourses les plus performantes cette année. Comme le DAX avait été vraiment à la traîne ces dernières années à cause du scandale du diesel, c’est normal. Mais comme le DAX est un indice de réinvestissement, le rendement du cours est plus faible. De plus, le DAX ne dispose pas d’un secteur Énergie. Avec la même pondération pour le secteur de l’énergie qu’au Royaume-Uni, le DAX serait encore de 7 % inférieur. Le DAX a bien des produits financiers, mais la Deutsche Bank est cette année un remarquable oiseau rare affichant un rendement positif. Heureusement, les Allemands ont pu faire entrer Wirecard dans le DAX juste à temps pour réduire un peu le rendement. Au bout du compte, le DAX est moins performant que le FTSE 100.

Oiseau rare : le Danemark

Il y a également une bourse qui bénéficie plus que la moyenne de la répartition sectorielle, à savoir le Danemark.  Le secteur pharmaceutique, très performant, représente plus de la moitié de la pondération de l’indice. Le Danemark n’a pas de secteur énergétique et le secteur financier ne pèse que quelques pour-cent.  Le Danemark compte par contre des entreprises qui obtiennent de bons résultats dans le domaine de la durabilité, ce qui constitue un autre atout important cette année. Avec plus de 20 % de bénéfices, il s’agit du marché actions le plus performant cette année.

La bourse britannique est bien positionnée pour une reprise cyclique de l’économie mondiale et la rotation sectorielle qui va de pair. Une forte correction des cours des actions IT n’atteindra pas le FTSE 100, mais il n’y a que peu de bourses comptant jusqu’à pas moins de 11 sociétés minières dans l’indice. Avec les importants secteurs énergétique et financier, elle semble être la bourse idéale pour le contre-investisseur. Fait du hasard, un accord sur Brexit devrait être conclu dans les deux prochaines semaines. Si c’est vraiment le cas, les volets seront fermés et il n’y aura plus de communication avec la presse. C’est généralement le signe qu’un accord est sur le point d’être conclu. Ce n’est que lorsque la balle est sans cesse rejetée que nous savons que l’accord a échoué.

Accord avec Bruxelles

Après quatre années de négociations infructueuses, il semble impossible d’en prévoir l’issue. Dans de tels cas, la maxime selon laquelle même les dictateurs les plus imprévisibles sont étonnamment rationnels lorsque c’est nécessaire s’avère souvent utile. Les accidents arrivent, mais ils constituent la traditionnelle exception. Un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne serait une bonne nouvelle pour le marché boursier britannique. Là encore, corrélation ne signifie pas causalité. Un accord interviendrait alors justement à un moment où l’excès de valeurs cycliques sur le marché boursier britannique profite de la reprise de l’économie mondiale. 

Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fait part de son analyse et de ses commentaires sur les conséquences de la crise du coronavirus pour l’économie et les marchés sur Fondsnieuws. Ses articles paraissent le mardi et le jeudi.
 

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