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Powell, le président de la Fed, a donné le feu vert pour inclure dans le portefeuille davantage d’investissements protégeant contre la hausse de l’inflation. Jusqu’à un taux d’inflation de 3 ou 4 %, les actions offrent une protection suffisante, mais elles ne constituent pas une alternative aux obligations. Les matières premières sont par contre considérées comme une valeur refuge dans cette folie monétaire, mais elles ne donnent ni coupon ni dividende et sont volatiles.

Elles sont également mal vues en ce qui concerne la durabilité. De plus, les matières premières n’offrent pas de prime de risque structurelle. Pire encore : à long terme, la prime de risque sur de nombreuses matières premières est négative. Il y a cependant une exception, à savoir le bois. Le bois pousse chaque année et sa croissance ne dépend pas de l’économie ou de l’évolution du marché boursier.

Aux États-Unis, le bois monte cette année plus vite que l’or. Le bois utilisé comme matériau de construction a augmenté de 60 % cette année, contre 30 % pour l’or. La cause est évidente : la demande est supérieure à l’offre. Au début de l’année, de nombreuses scieries pensaient qu’en raison du coronavirus, la demande allait chuter, mais quelques mois plus tard, tout le monde s’est mis à rénover et construire massivement. Outre le rendement, le bois est un meilleur investissement que l’or pour d’autres raisons. Tout d’abord, pour des raisons environnementales, car les mines d’or sont des pollueurs notoires.

Co2

Le bois est un moyen idéal pour stocker le CO2, surtout s’il est ensuite utilisé pour construire des maisons. Grâce à des techniques innovantes, le bois peut également être utilisé pour les immeubles de grande hauteur. Lorsqu’on le rend écologique, il constitue une excellente alternative aux matériaux de construction polluants, comme le ciment et la pierre.  Une forêt assure également le refroidissement de la terre et constitue un moyen beaucoup plus efficace de lutter contre le problème climatique que les alternatives souvent beaucoup plus coûteuses. 

Les avantages d’investir dans le bois ne se limitent pas aux effets positifs sur l’environnement et le climat. Le bois pousse sur le sol et constitue par définition une ressource rare. Il y a de fortes chances que suite à l’accélération de la politique de durabilité, nous fassions davantage pour protéger les forêts tropicales. Bref, l’offre diminue, mais pas la demande. Dans la construction, le bois constitue la solution idéale pour économiser ou même stocker le Co2. De plus, le plastique est remplacé par le papier, souvent fabriqué à partir de bois. La combustion du bois est par contre moins judicieuse, car l’effet sur la teneur en Co2 dans l’atmosphère sera négatif à court terme. 

Un arbre pousse chaque année. Lorsque les prix du bois sont bas, une forêt peut tranquillement pousser une année de plus. Plus l’arbre est gros, plus la qualité du bois est élevée. Depuis 1993, le rendement moyen du bois aux États-Unis n’est pas inférieur à 8 % par an, contre une moyenne de 9,5 % pour les actions. Moins bon que les actions, mais meilleur que de nombreuses alternatives telles que les fonds spéculatifs et pratiquement n’importe quel type d’obligations. Le rendement obligataire ne se rapprochera pas de ces pourcentages dans les années à venir mais, grâce à l’évolution structurellement positive de la demande, les prix du bois peuvent continuer à augmenter.

Il existe plusieurs manières d’investir dans le bois. Le moyen le plus évident est d’acheter une forêt, mais toutes les forêts ne conviennent pas. Aux Pays-Bas, l’entretien d’une forêt coûte souvent plus cher qu’elle ne rapporte. De plus, elle nécessite des connaissances et de l’attention. Pourtant, les trois quarts des forêts américaines sont entre les mains de particuliers. Une alternative consiste à se tourner vers un Timberland REIT (fonds immobilier). On compte quatre grandes entreprises américaines : Potlatch, CatchMark, Rayonier et Weyerhauser. Ces actions sont souvent achetées pour leur rendement en dividendes, notamment parce que les REITs doivent distribuer 90 % des bénéfices sous forme de dividendes. Il existe également un REIT canadien (West Fraser Timber) et un REIT suédois (Svenska Cellulosa).

ETF

Il y a également les ETF, mais ceux-ci comprennent aussi des entreprises de papier et des producteurs de matériaux d’emballage, des entreprises qui ne possèdent pas de forêts. Ce sont des preneurs de prix, peu intéressants dans ce contexte. Dans le cas du bois, il s’agit principalement des activités en amont. Et bien sûr, il y a aussi des risques tels que les maladies et les incendies de forêt. Enfin, il reste les investissements cotés en bourse, qui fluctuent. Ici également, la diversification est importante. 

Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fait part de son analyse et de ses commentaires sur les conséquences de la crise du coronavirus pour l’économie et les marchés sur Fondsnieuws. Ses articles paraissent le mardi et le jeudi.

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