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Le week-end dernier, les 15 pays de l’ASEAN ainsi que l’Australie, la Chine, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud ont signé le Partenariat économique régional global (PREG), qui a donné naissance au plus grand bloc commercial du monde. Au terme de près de dix années de négociations, il s’agit d’une nouvelle étape dans la poursuite de l’intégration économique de la région Asie-Pacifique.

Le Partenariat accroît encore l’importance de cette région pour les investisseurs. Les conséquences sont en effet une croissance économique plus élevée, une plus grande stabilité régionale et des taux d’intérêt convergents. Il en résultera un afflux accru de capitaux étrangers et une meilleure valorisation. 

PREG : comparable à la création de l’UE

Le PREG est comparable à la création de la Communauté économique européenne en 1958, le début du marché commun en Europe. Cet accord comporte également une dimension politique claire. En effet, le PREG a vu le jour sans l’aide des États-Unis ou de l’Europe. Il constitue la réponse de la Chine après le retrait de Trump du Partenariat transpacifique.

Cet accord commercial s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’initiative chinoise ‘Belt & Road’, ou Nouvelle route de la soie, un programme de grande envergure qui est plus vaste que le plan Marshall et mènera bientôt toutes les routes vers Pékin. Alors que le plan Marshall, l’OTAN et la CEE visaient à accroître l’influence américaine en Europe, le PREG s’inscrit dans la stratégie de la Chine pour gagner plus d’influence sur la scène mondiale. L’Inde et les États-Unis ne feront pas partie du PREG. Sur le plan économique, il est beaucoup plus pertinent qu’une collaboration plus poussée voie le jour entre le triangle Chine, Japon et Corée du Sud. 

Le PREG crée un marché unique pour 30 % de la population mondiale et de l’économie mondiale. Selon l’université Johns Hopkins, rien que cet accord permettra d’augmenter le revenu mondial de 200 milliards de dollars et d’ajouter 500 milliards de dollars au commerce mondial d’ici 2030, soit suffisamment pour compenser toutes les pertes liées à la guerre commerciale américano-chinoise.  

Le plus grand gagnant : Chine 

Les différentes économies de la région deviendront beaucoup plus efficaces en se spécialisant dans ce qu’elles savent faire, notamment dans les domaines de la technologie, de la production, du secteur agricole et de l’utilisation des ressources naturelles. L’influence positive du PREG est particulièrement importante pour les marchés relativement fermés comme le Japon. Le plus grand gagnant est cependant la Chine, qui a également fait un grand pas en avant sur le plan politique et stratégique.

Tout comme l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, cela pourrait permettre aux marchés actions d’Asie (et en particulier d’Asie du Nord-Est) de surpasser le reste du monde dans les années à venir. Il en va de même pour les marchés obligataires asiatiques. Avec le plan Marshall, l’OTAN et la CEE, les Américains ont exporté leurs faibles taux d’intérêt vers de grandes parties de l’Europe. La même stabilité politique et économique en Asie fera converger les taux d’intérêt de nombreux pays avec ceux de la Chine. 

Accord commercial avec l’UE 

Dans un discours prononcé au début de ce mois, Xi Jinping a indiqué qu’après le PREG, il sera temps de négocier un nouvel accord sur les investissements et le commerce entre la Chine et l’Union européenne. En outre, la Chine souhaite également une plus grande intégration économique entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud, ne serait-ce qu’en raison des connaissances technologiques au sein de ce triangle. Avec le PREG, la politique américaine d’endiguement va également s’effondrer.

La stratégie indopacifique des États-Unis a fait que les pays de l’ASEAN se sont lancés dans une fuite en avant via le PREG. Ce n’est qu’en relançant le Partenariat transpacifique que les Américains pourront éventuellement encore limiter les dégâts. Après le résultat de l’élection présidentielle américaine et l’étonnante efficacité des vaccins contre le coronavirus, cet accord commercial est une autre bonne nouvelle pour les investisseurs ce mois-ci, et nous n’en sommes qu’à la moitié.

De nombreuses incertitudes seront levées en peu de temps. L’année prochaine, l’économie mondiale connaîtra une croissance de 6 %, aidée par le rattrapage de la demande dû à l’ouverture de grandes parties du secteur des services et, bien sûr, au soutien fiscal et monétaire. L’Asie a de nouveau les meilleures cartes en main pour continuer à surperformer. 

Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fait part de son analyse et de ses commentaires sur les conséquences de la crise du coronavirus pour l’économie et les marchés sur Fondsnieuws. Ses articles paraissent le mardi et le jeudi.
 

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