
Belfius a lancé lundi Belfius Private, une nouvelle entité commerciale destinée à renforcer sa présence sur le marché belge en plein essor de la banque privée et de la gestion de patrimoine. L’objectif est de dépasser KBC et d’atteindre une part de marché de 20 %, avec 100 milliards d’euros d’actifs sous gestion d’ici 2030.
Olivier Onclin, vice-CEO de Belfius, a présenté ses ambitions lors d’une conférence de presse à Bruxelles lundi, en compagnie de Dirk Gyselinck, membre du conseil d’administration, et d’Olivier Goerens, qui dirigera la banque privée relancée. Environ 2000 collaborateurs de Belfius ont suivi l’événement diffusé en direct. « Nous souhaitons établir une banque privée dédiée sur le marché, avec un positionnement clair. Nous le faisons par ailleurs à la demande explicite de nos clients », a expliqué M. Onclin.
Le vice-CEO, qui, comme annoncé précédemment, succédera à Marc Raisière en tant que CEO de Belfius dans le courant de l’année prochaine, a appuyé son argumentation sur des chiffres. Aujourd’hui, Belfius détient une part de marché de 15 % et gère environ 60 milliards d’euros d’actifs dans le segment de banque privée et de gestion du patrimoine. D’ici à 2030, cette part de marché devra atteindre 20 % et les actifs gérés s’élèveront à 100 milliards d’euros.
« Nous pensons y parvenir par nos propres moyens, selon notre scénario de base. Nous avons tous les éléments en place pour pouvoir atteindre les objectifs, même sans acquisitions. »
Pas d’entité juridique distincte
Belfius Private sera une division commerciale distincte avec ses propres équipes (environ 400 personnes), mais ne deviendra pas une société distincte. « Ce n’était pas nécessaire et une scission ne ferait que drainer inutilement l’énergie de nos collaborateurs », explique le vice-CEO. L’adresse internet Belfiusprivate.be a été enregistrée en mai 2025.
« Nous voulons devenir la première banque privée belge d’ici 2030 », explique M. Onclin – un défi possible à relever à condition qu’il ne considère pas BNP Paribas Fortis, actuel numéro un sur le marché belge, comme belge, mais comme française. En d’autres termes, l’objectif de Belfius est de dépasser le numéro deux, KBC.
Belfius compte aujourd’hui 145 700 clients dans le domaine de la banque privée et de la gestion de patrimoine, avec un seuil minimum de 500 000 euros d’actifs investis. L’ambition est d’entrer en contact avec de nouvelles familles fortunées en tant que deuxième banque privée, puis d’entrer en concurrence pour devenir la principale banque pour les patrimoines familiaux.

Le plus grand transfert de patrimoine jamais réalisé
Pour M. Onclin, Belfius Private est une étape logique après le plan de 2019. « Belfius avait alors décidé – à contre-courant – de construire un réseau de Private Houses physiques. Il y en a aujourd’hui 45 et, à la fin du plan de déploiement en 2027, il y en aura environ 75. En 2019, nous avons également décidé d’étendre nos services de banque privée pour y inclure notamment la planification patrimoniale. Tout cela est désormais terminé, ce qui nous permet de passer à la prochaine étape. »
L’arrivée d’une toute nouvelle génération de personnes fortunées justifie également que Belfius souhaite aller de l’avant. « D’ici à 2030, 28 % de la richesse accumulée en Belgique changera de mains à la suite d’un héritage. Il s’agit du plus grand transfert de patrimoine jamais réalisé dans l’histoire de la Belgique, voire de l’Europe », a déclaré M. Onclin en citant une étude récente de Capgemini.
Il constate une différence d’approche entre les générations. « La génération précédente considérait le patrimoine comme une possession. La nouvelle génération considère le patrimoine comme quelque chose qu’elle peut utiliser pour faire bouger les choses et générer un impact positif sur la société. Le patrimoine n’est pas seulement ce que vous possédez, mais aussi ce que vous en faites. »
Sociétés de fonds
En ce qui concerne les fonds et les transactions réalisées par l’intermédiaire de la salle des marchés, Belfius Private s’appuiera sur quatre principaux partenaires : Belfius Asset Management, Candriam (détenu à 33 % par Belfius), Blackrock et l’agent de change Kepler Cheuvreux (détenu à 5 % par Belfius).
« En sélectionnant un nombre limité de partenaires privilégiés, nous faisons le choix délibéré de ne pas être un supermarché de fonds. Avec Blackrock, entre autres, nous disposons d’une offre intéressante », estime M. Onclin.