Le retour de l’inflation va favoriser les métaux précieux, selon Philippe Gijsels (photo). BNP Paribas Fortis privilégie un positionnement boursier sur des thématiques fortes pour le moyen terme.
« L’environnement actuel reste très compliqué pour nos clients », soulignait Philippe Gijsels (Stratégiste de BNP Paribas Belgique) à l’occasion de la présentation de sa stratégie d’investissement au moment d’abord le second semestre 2019. « Il est difficile de pouvoir dire à nos clients s’il est aujourd’hui temps de revenir sur les marchés. Il est d’ailleurs paradoxal que le sentiment des investisseurs soit aujourd’hui au plus bas alors que les marchés financiers sont à des niveaux historiquement élevés ».
Neutre et thématique
Il recommande donc une exposition neutre sur les marchés boursiers, dans un environnement qui devrait rester marqué par des banques centrales qui continueront d’injecter massivement des liquidités. « Les sociétés américaines continuent de racheter massivement leurs titres, un mécanisme qui a déjà fait disparaître un quart de la capitalisation boursière américaine durant les dernières années, et qui a dopé d’un tiers les résultats par action des entreprises du S&P500 ».
Il estime que ces programmes devraient se poursuivre, et potentiellement s’étendre plus massivement au continent européen où les valorisations des sociétés sont extrêmement faibles. « Il faut éviter d’être sous-pondéré sur les actions européennes. Si l’écart de valorisation avec les actions américaines venait à se combler, le potentiel de hausse sera significatif ». Au niveau des marchés boursiers, Philippe Gijsels apprécie également un positionnement sur des thématiques attractives pour le long terme, comme la robotisation, la transition énergétique, l’eau ou la cybersécurité.
Dans le même temps, il souligne que les marchés européens n’ont pas encore pleinement pris en considération le risque d’un Brexit, un événement dont la probabilité se monte aujourd’hui à 40%. Un ralentissement américain et une baisse des taux par la Fed pourrait signaler une hausse des risques de récession, et provoquer une normalisation du dollar vers sa fair value, soit entre 1,25 et 1,3 dollar pour 1 euro.
Retour de l’inflation
A plus long terme, Philippe Gijsels estime que la prochaine récession pourrait déboucher sur un environnement radicalement différent, avec une inflation et des taux obligataires qui repartiront à la hausse. « Les marges de manœuvre de la politique monétaire sont faibles, et les gouvernements seront obligés de mettre en place des politiques budgétaires plus ambitieuses pour relancer leurs économies. Les peuples sont aujourd’hui en colère, et vont exiger un recentrage de la balance en direction des travailleurs dans un monde ou la montée des protectionnismes sera également génératrice de pressions inflationnistes ».
Dans ce contexte, la normalisation du dollar et la remontée des pressions inflationnistes constitueront un terreau idéal pour investir une partie de son épargne sur les métaux précieux. « L’or dispose d’un potentiel d’appréciation attractif », avec un cours qui pourrait progresser à terme vers 2000 dollars pour une once. « L’argent dispose d’un potentiel encore plus important, mais la volatilité sur ce métal est également plus élevée ». Enfin, le cuivre constitue également une matière première attractive en raison du déséquilibre à long terme entre l’offre et la demande dans un contexte où ce métal sera de plus en plus recherché par les producteurs de véhicules électriques.