Koen De Leus, Chief Economist, BNP Paribas Fortis
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Le populisme généralisé perturbe les attentes des marchés, même si le contexte économique reste généralement favorable pour les prochains trimestres. Les actions restent à privilégier, avec une poche exposée sur l’or pour se protéger contre les risques géopolitiques. 

BNP Paribas Fortis présentait ses perspectives économiques et financières pour le second semestre 2018. A cette occasion, Koen De Leus (chef économiste de BNP Paribas Fortis) a souligné la montée du populisme au niveau global « vers des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis les années 30. Ceci contribue à perturber la visibilité sur les marchés financiers ». En premier lieu, il souligne bien entendu le risque d’une généralisation de la guerre commerciale déclenchée ces derniers mois par la présidence américaine. 

Guerre commerciale

« En cas d’une hausse généralisée des tarifs au niveau mondial de l’ordre de 10%, l’impact sur l’économie allemande serait significatif (-3,8%) et ferait plonger l’Europe dans une récession profonde », constate Koen De Leus. « De même, l’impact sur le PNB chinois atteindrait 4,3%. La région la moins touchée serait en définitive les Etats-Unis (-1,3%) », ce qui semble valider l’idée que cette guerre commerciale affectera surtout les partenaires commerciaux des Etats-Unis. 

Philippe Gijsels (Stratégiste d’ING Belgique) souligne pour sa part qu’il faudra attendre les élections de novembre pour voir si cette posture protectionniste pourrait se prolonger sur le long terme, ou s’il s’agit principalement d’une manière de soutenir électoralement les candidats républicains. Dans l’intervalle, les conditions économiques devraient toutefois rester favorables dans la plupart des zones économiques. 

Ralentissement

A plus long terme, Koen De Leus souligne que le plan fiscal de Donald Trump sur une économie déjà avancée dans le cycle va pousser les taux obligataires à la hausse, ce qui devrait déboucher dans le courant de l’année prochaine sur un ralentissement marqué de l’économie américaine, et par ricochet sur le Vieux continent. « Comme d’habitude, l’Europe sera affectée par ce qui se passera aux Etats-Unis ». 

D’ici la fin 2019, le taux directeur de la Fed devrait se situer autour de 2,75%, tandis que celui de la BCE aura péniblement décollé vers 0,25%. Et si le ralentissement économique se produit à ce moment là, les deux banques centrales ne disposeront pas d’une réserve suffisante pour stimuler leur économie, avec pour conséquence probable le retour des mesures d’assouplissement quantitatif. « Je m’attends à un écartement des spreads pour les pays fortement endettés avec un système bancaire fragilisé. Ce ralentissement posera également beaucoup de questions au niveau européen, notamment sur le besoin d’avoir une politique budgétaire plus ambitieuse pour soutenir  la politique monétaire ». 

Protection

Philippe Gijsels indique que les placements obligataires devront toujours être évités, et que la performance des portefeuilles reposera encore sur les actions, plus particulièrement sur les marchés développés. « En outre, les signaux techniques n’indiquent pas encore que le marché américain est proche de l’essoufflement, mais il faudra suivre l’impact de l’arrêt des politiques monétaires expansionnistes sur les marchés financiers  ». Il indique également que l’or peut rester dans les portefeuilles à hauteur de 5% des actifs, en guise de protection contre les incertitudes géopolitiques. 

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