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Bryan Carter, gestionnaire de fonds chez BNP Paribas Asset Management, estime que nous ne devons pas nous attendre à des bénéfices spectaculaires sur la dette des marchés émergents au second semestre 2019. Selon lui, les obligations d’entreprises ont de meilleurs fondamentaux que les obligations d’État.

Carter souligne que, selon l’indice qu’on prend en compte, les rendements de la dette des marchés émergents (emerging markets – EM) se situent depuis le début de l’année entre 8 et 12 %. Il s’agit là de niveaux de rendements relativement élevés et, par conséquent, les taux d’intérêt sont maintenant à leur plus basse décimale depuis longtemps. Il ne faut dès lors plus s’attendre à des évolutions spectaculaires au second semestre après la phase d’exagération du premier semestre. Il y a peut-être encore des perspectives dans les spreads sur les obligations EM, qui sont aujourd’hui relativement élevés. En raison de la position plus défensive, le gestionnaire préfère les obligations en devises fortes aux obligations devises locales pour le second semestre 2019.

Thèmes

Pour ce qui est des thèmes, le gestionnaire souligne d’abord qu’en ce qui concerne les sociétés émettrices, « les entreprises des marchés émergents ont généralement de meilleurs fondamentaux et un meilleur effet de levier que les sociétés émettrices. Leur gouvernance est également souvent meilleure et elles sont généralement moins dépendantes de l’évolution directionnelle des obligations d’État. En particulier en Asie, et surtout en Inde et en Chine, il y a encore des opportunités intéressantes. »
Pour ce qui est des États, Carter s’intéresse pour le moment principalement aux pays du Moyen-Orient. « Ceux-ci sont désormais également inclus dans les principaux indices de référence, comme ceux de JP Morgan. Des pays comme l’Arabie saoudite et le Koweït en sont deux exemples. »

Marchés frontières

Pour les marchés frontières, le gestionnaire se montre plus prudent. Il déclare : « Il y a en effet de sérieux défis en matière de développement durable dans un certain nombre de pays. Ils ont trop de dettes et ont maintenant du mal à les rembourser. Nous devons être très sélectifs et gérer l’exposition activement. »

Pas d’alpha pour l’ESG

Il est frappant de constater que Carter affirme que la question de savoir si l’ESG crée de l’alpha n’est pas claire : « Il n’y a aucune étude indiquant que l’ESG a créé de l’alpha. » Cela pourrait changer dans le futur. « Il y aura beaucoup plus d’incertitudes au sujet de l’environnement et du ‘contrat social’, par exemple. En termes de gouvernance, de nombreuses institutions publiques (EM) présentent aujourd’hui des lacunes, et des critères tels que la liberté de la presse et autres sont encore sous pression. Dans le futur, une évaluation ESG sera donc beaucoup plus importante encore et deviendra un élément central du processus d’investissement. »

« En ce qui concerne le changement climatique, nous devons surveiller la mise en œuvre et l’engagement », déclare Carter. Là où les pays sont à la traîne, ils peuvent s’attendre à un déclassement. Prenons l’exemple du Brésil : les données montrent que le pays obtient de très bons résultats sur les critères ESG, mais le nouveau gouvernement s’est retiré de l’Accord de Paris sur le climat. La déforestation de la région amazonienne devrait maintenant se poursuivre, ce qui a une incidence sur l’évaluation ESG

Indicateurs

Carter ajoute que le modèle ESG de BNPP AM contient 89 indicateurs individuels, la plupart dans les domaines de la gouvernance (G) et des aspects sociaux (S). Pour les 90 pays qui appartiennent à l’univers EM, la couverture est de 100 %, c’est-à-dire qu’il y a suffisamment d’informations pour arriver à une évaluation approfondie. 

Obligations vertes

À propos des obligations vertes, Carter déclare : « Le marché a connu une croissance exponentielle ces dernières années. La capitalisation boursière est maintenant suffisamment importante et il y a suffisamment d’émissions afin de pouvoir composer un portefeuille d’obligations vertes. Le problème reste les normes relatives à la définition d’une obligation verte. Chaque société émettrice doit faire preuve d’une très grande transparence quant à l’utilisation des fonds levés, et c’est là que le bât blesse parfois. Le greenwashing est une chose dont nous avons très peur. Les investissements doivent vraiment aller à des projets verts et ne pas être recyclés dans de vieux projets.

Nous demandons dans une analyse d’impact la preuve de l’utilisation des fonds. Il doit y avoir de la transparence. Si une société émettrice n’est pas en mesure de satisfaire à cette exigence, nous vendons l’obligation et mettons la société émettrice sur une liste noire. Au cours des deux dernières années, pas moins de la moitié des nouvelles émissions d’obligations vertes des marchés émergents n’étaient pas conformes aux normes. Il y a donc encore un problème de transparence. »

Bryan Carter gère les fonds suivants : 

  • Parvest Bond World Emerging
  • Parvest Bond World Emerging Local
  • Parvest Bond Best Selection World Emerging
  • BNP Paribas Flexi I Bond World Emerging Investment Grade
  • Parvest Bond Asia ex-Japan
  • Parvest RMB Bond
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