« Le secteur de l’investissement fait face à de nouveaux défis de taille, au cœur desquels figurent le développement durable et notre rôle social. Les ETF ont certes leur utilité, mais nous restons des investisseurs actifs convaincus », déclare Nicolas Forest, CIO de Candriam.
Nicolas Forest est, depuis le 1er mai, le nouveau Chief Investment Officer (CIO) de Candriam, la maison de fonds qui gère la plupart des fonds d’investissement proposés par Belfius dans notre pays. Le nouveau directeur des investissements n’est pas un nouveau venu chez Candriam, où il travaille déjà depuis plus de vingt ans. « J’ai surtout travaillé dans le revenu fixe ; j’ai ainsi géré divers fonds obligataires et dirigé, pendant dix ans, le département Fixed Income. Cet historique au sein de la société a grandement facilité le passage à ma nouvelle fonction. »
Un triptyque de défis
Interrogé au sujet des principaux défis à relever pour les investisseurs et le secteur, Nicolas Forest décrit un triptyque. « En premier lieu, il y a les risques politiques accrus. On assiste à une résurgence des tensions géopolitiques à l’échelle mondiale. Il suffit de penser aux conflits en Ukraine et en Israël ; la confrontation entre les États-Unis et la Chine va elle aussi rester une donnée majeure à prendre en compte. Nous ne voyons pas ce phénomène comme une forme de démondialisation, mais plutôt comme une nouvelle forme de mondialisation multipolaire. » Ce retour des tensions géopolitiques constituera selon lui un défi tout particulier pour les fonds d’investissement mondiaux et dans les marchés émergents.
En deuxième lieu, le CIO évoque le nouveau paradigme en matière d’allocation d’actifs. Après une longue absence, les obligations redeviennent une option viable. « Après des années de taux d’intérêt extrêmement bas, nous revenons à la normale. Certes, 2022 a quasiment été la pire année de l’histoire pour les obligations, mais elles sont de nouveau des options valables. Pour les actions, en revanche, la hausse du taux d’intérêt annule l’effet de levier. La bonne nouvelle est que les allocataires d’actifs disposent de nouveau d’alternatives, comme les fonds monétaires, qui produisent du rendement. »
Enfin, il mentionne les ondes de choc générées par les nouvelles technologies. « Nous avons assisté cette année à l’essor de l’intelligence artificielle. Nous devons à présent chercher comment implémenter cette technologie dans le processus d’investissement. Nous devons également faire fonctionner le « nouveau mode de travail ». Le développement durable constitue un fil rouge à travers l’ensemble de ces thématiques : ce thème va définitivement s’imposer », souligne Nicolas Forest.
Disciple de la gestion active
Ces dernières années, la gestion passive a pris une forte ampleur. Le fait que l’écrasante majorité des fonds actifs n’aient pas réussi à faire mieux que leurs homologues passifs n’y a pas été étranger. « Je n’ai rien contre les ETF. Ils ont indubitablement leurs avantages, comme leur transparence et leur grande liquidité. Mais je suis catégorique : je ne crois pas à la gestion passive. On trouve selon moi trop d’indices étranges, surtout pour les obligations. Vous n’avez pas le choix, vous devez composer avec tous les émetteurs, les bons comme les mauvais. »
Sur le long terme, Nicolas Forest reste convaincu que la gestion active peut générer de l’alpha. « Dans un monde sans stimulus monétaire, la gestion passive perd son effet de levier. La gestion active peut apporter une plus-value, en particulier dans des sous-domaines comme les petites et moyennes capitalisations et les marchés émergents. »
Il voit également des opportunités pour la gestion active dans des marchés obligataires qui renaissent de leurs cendres. « Les gestionnaires peuvent y faire la différence par des choix actifs. Le développement durable restera un thème phare, et cela appelle justement une approche active », insiste Nicolas Forest.
Investi d’une mission
Lors d’un entretien avec De Tijd, Vincent Hamelink, nouveau CEO de Candriam, déclare que le gestionnaire d’actifs « veut être plus qu’un gestionnaire d’actifs : nous prenons tout aussi au sérieux, sinon davantage, notre rôle social». Une position à laquelle souscrit pleinement Nicolas Forest : « j’essaie de transmettre cela dans mon rôle de CIO, via Candriam en tant qu’établissement, mais aussi via notre politique ESG. En tant qu’investisseur durable, nous établissons résolument le dialogue avec les entreprises afin d’insister sur ce point. J’espère que, lorsque je quitterai ma fonction, j’aurai su contribuer à une société plus durable. »