« On entend souvent que les États-Unis sont chers, et la Chine bon marché », observe Rob Deneke, cofondateur de Comgest. « S’il est vrai que les actions chinoises sont devenues moins chères, les actions américaines sont-elles vraiment si onéreuses ? »
« Cela me semble très relatif », affirme Deneke. « Ne disait-on pas déjà la même chose il y a cinq ans ? Et regardez un peu le marché haussier qui s’est ensuivi.
Par ailleurs, à quelles actions faisons-nous référence en parlant de l’Amérique ? Les FANG (Facebook, Apple, Netflix et Google, actuellement Alphabet, ndlr) pèsent lourd dans l’indice, elles sont chères. Mais je ne trouve pas que le marché au sens plus large soit hors de prix. Par exemple, la pharmacie, dans laquelle nous avons des positions.
Pas en Health Tech cependant, c’est une catégorie spéciale. Le sentiment général vis-à-vis des FANG et les investissements passifs en font naturellement un facteur de risque pour les autres actions. Elles tirent tout simplement le reste vers le bas.
Les prix européens encore plus intéressants
Je ne vais cependant pas me limiter à la comparaison entre les États‑Unis et la Chine, car les prix en Europe sont encore plus intéressants, et le cycle européen est moins avancé qu’en Amérique. En Europe également, nous sommes surtout intéressés par les entreprises non cycliques.
Pas seulement les barbantes Unilever ou Nestlé, mais des secteurs un peu plus excitants, comme par exemple les produits cosmétiques et les logiciels. Nous n’avons certes pas de Google ou d’Apple en Europe, mais nous avons pas mal d’entreprises technologiques intéressantes. SAP, en Allemagne, que la plupart de ses clients utilisent pour réaliser des économies, et Dassault Systems en France. Ces entreprises créent des logiciels pour à peu près tous les secteurs, des plus classiques aux plus extravagants.
Heineken reste aussi l’une de mes préférées. Dans cette entreprise, tout se tient : le produit, le management, le marketing, tout. À l’instar d’Unilever et de nombreuses entreprises françaises, elle est présente depuis des décennies dans le monde entier : une belle répartition.
Sans oublier les plateformes de livraison de repas : TakeAway. On ne peut pas dire qu’elles soient bon marché, mais elles enregistrent un bon taux de croissance. On peut se demander dans quelle mesure on peut encore les considérer comme non cycliques. La réponse est tout simplement que nous n’en savoir rien, ce phénomène étant encore relativement nouveau. Nous devons attendre de voir quel besoin les consommateurs en auront dans des temps moins favorables d’un point de vue économique.
Optimistes, mais prudents
Nous sommes donc optimistes quant aux actions américaines et européennes, quoiqu’assez prudents, ce qui n’est pas contradictoire. Les taux d’intérêt sont en légère augmentation, bien qu’encore très bas historiquement. Je me montre peut-être circonspect, mais le cycle d’expansion dans lequel nous nous trouvons dure déjà depuis un certain temps.
Nous sommes confrontés, en Europe, à quelques économies rigides et compliquées, Trump refuse de se calmer et les prix extrêmes de l’immobilier dans les villes occidentales m’inquiètent. Nous sommes donc optimistes, mais gardons les risques bien à l’œil : mieux vaut faire preuve de prudence plutôt que de s’y plonger la tête la première. Cette attitude s’est révélée payante après l’éclatement de la bulle internet. »