Investment Officer a bénéficié d’un entretien exclusif avec Thierry Masset, Chief Investment Officer chez ING Belgique. Celui-ci nous a permis de conclure que le groupe ne s’attend pas à une récession, mais est tactiquement sous-pondéré en actions et préfère pour le moment la sécurité des liquidités.
Dans l’introduction de l’entretien, Thierry Masset souligne qu’ils suivent un organigramme traditionnel dans le domaine de l’allocation d’actifs. L’équipe Macro, dirigée par l’économiste en chef Peter Van Den Houte, les soutient dans leur analyse macro-économique. Masset souligne que nous nous trouvons en fin de cycle économique.
« Le cycle est en effet relativement mature. À la fin de l’année dernière, nous avons connu un sérieux ralentissement, en particulier en Europe ainsi que dans la plupart des pays émergents. Cependant, une récession n’a jamais été notre scénario central. En effet, nous estimons que nous connaîtrons une amélioration au cours des prochains trimestres, disons les deuxième et troisième. Toutefois, nous ne pouvons pas exclure une récession en 2020. »
Low for longer
Masset a également déclaré que la croissance pourrait rester ‘faible plus longtemps’, mais qu’il reste positif. La politique monétaire a fortement changé la donne ces derniers trimestres. En effet, les principales banques centrales ont changé leur fusil d’épaule. Les banques centrales mettent tout en œuvre pour maintenir la croissance, ce qui permet au cycle en cours de se poursuivre pendant encore un certain temps.
Allocation d’actifs ?
Comment cela se traduit-il concrètement en termes d’allocation d’actifs ? Masset indique qu’il existe chez ING Belgique cinq profils d’allocation d’actifs. Cependant, pour des raisons de commodité, nous présentons le positionnement pour un profil neutre (50/50).
À cet égard, nous constatons cependant qu’ING Belgique est devenue plus prudente après la forte reprise du début de cette année.
Masset : « Nous sommes en effet tactiquement sous-pondérés (45 %) dans les actifs risqués, les actions, une décision que nous avons prise il y a trois ou quatre semaines.
Ce n’est pas encore le moment de réduire fortement les positions, mais nous sommes devenus plus prudents. Les actions ont un peu trop dépassé les fondamentaux, tandis que les risques de la guerre commerciale sont sous-estimés. En ce qui concerne les actions, nous n’avons pas de forte conviction régionale, malgré une légère préférence pour les États-Unis, où la croissance est plus forte, à l’instar des bénéfices des entreprises. »
Dans le volet ‘obligations’, nous notons également une légère souspondération. La préférence revient aux obligations gouvernementales.
« Dans le volet ‘obligations d’entreprises’, nous constatons que les spreads pour les émetteurs BBB (90 points de base versus obligations sans risque) sont tout simplement trop faibles. Il en va de même pour le segment du haut rendement. La dette des pays émergents, en revanche, est plus risquée, mais intéressante. Les rémunérations en monnaie locale et en monnaie forte sont attractives. »
Masset a déclaré que les liquidités sont actuellement à l’étude. Si elles ne rapportent rien, elles offrent une sécurité et une optionalité dans les portefeuilles.
Enfin, Masset a ajouté que les portefeuilles suivent le principe de l’architecture ouverte. Cependant, on examine si le marché sur lequel l’investissement est réalisé est efficace ou non. Dans le premier cas, on travaille plutôt avec une gestion passive. Dans le deuxième, on effectue une analyse qualitative du gestionnaire afin de voir s’il peut ajouter de l’alpha.