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Une nouvelle tendance émerge sur les médias sociaux : des individus se présentent comme des experts financiers et donnent des conseils d’investissement. On les qualifie de « finfluenceurs », contraction de « finance » et d’« influenceurs ». Or, il apparaît que moins les experts financiers autoproclamés sont qualifiés, plus ils ont de followers.

La série documentaire FIRE, finalement déprogrammée par la VRT, a montré que les finfluenceurs représentent un fléau qui doit être réglementé de toute urgence par la FSMA, l’autorité belge de surveillance des marchés financiers.

Des compétences hétérogènes

StockTwits est une plateforme américaine de médias sociaux visant à rapprocher entrepreneurs, investisseurs et traders. Tout un chacun peut y publier des idées d’investissement et les partager avec ses followers. Cette plateforme d’investissement constitue un excellent endroit pour observer l’impact des finfluenceurs. Ali Kakhbod, Seyed Kazempour, Dmitry Livdan et Norman Schurhoff, du Swiss Finance Institute ont réalisé une étude sur les finfluenceurs, leurs compétences et leur impact. Ils ont conclu à une grande hétérogénéité parmi les finfluenceurs concernant leurs compétences en investissement. 

28 % des utilisateurs actifs de StockTwits peuvent être considérés comme « très compétents ». Pour calculer le niveau de compétence, les chercheurs identifient les finfluenceurs qui obtiennent un rendement supérieur aux risques qu’ils prennent (rendements ajustés au risque), et sont donc considérés comme compétents. Ce groupe réalise un rendement ajusté au risque de 2,6 % par mois. À l’inverse, les finfluenceurs peu compétents enregistrent une performance de -2,3 % par mois.

 Même lorsque les chercheurs utilisent des méthodes plus sophistiquées (pour augmenter les ratios signal/bruit), ils obtiennent des chiffres similaires. Seule une proportion limitée des utilisateurs de StockTwits possède de réelles compétences. Cependant, suivre le finfluenceur moyen conduit à des résultats d’investissement décevants pour les followers.

Les moins compétents sont les plus suivis

Le nombre d’investisseurs compétents et non compétents sur StockTwits et leur rendement ne constitue pas l’aspect le plus important de l’étude de Kakhbod, Kazempour, Livdan et Schurhoff ; ces derniers ont également examiné le comportement des finfluencers. Leur conclusion alarmante est la suivante : moins vous êtes compétent, plus vous avez de followers. Et inversement, plus vous possédez de compétences en investissement, moins vous avez de followers (voir graphique ci-dessous).

Il semble donc difficile pour le commun des mortels de déterminer qui est réellement compétent et qui ne l’est pas. Plus important encore, observe-t-on un effet manifeste des traders peu compétents sur le volume des échanges ? Lorsqu’ils disent/tweetent/publient quelque chose, cela est clairement pris en compte. Oui, les gens sont beaucoup plus enclins à suivre les « conseils » des investisseurs non qualifiés que ceux du groupe qualifié.

Compétences en investissement et nombre de followers

C’est un résultat surprenant : comment se fait-il que les finfluenceurs les moins compétents ont plus de followers ? C’est simple : ils publient beaucoup plus (voir graphique ci-dessous). Le volume de contenu qu’ils génèrent se révèle beaucoup plus attrayant pour leurs followers. Il génère ainsi un optimisme excessif chez ces derniers, ce qui les incite à suivre les finfluenceurs. Les followers finissent par se retrouver dans une chambre d’écho et sont davantage susceptibles de suivre des personnes partageant des idées et opinions similaires. Le problème majeur est que cela conduit à des pertes significatives.

Compétences en investissement et nombre de publications

Les médias sociaux sont donc intéressants pour observer ce qui se passe sur les marchés financiers, mais l’étude de Kakhbod, Kazempour, Livdan et Schurhoff est claire : en tant qu’investisseur, soyez conscient du fait que seul un groupe restreint sur StockTwits possède une véritable compétence et que suivre le groupe non compétent peut conduire à de lourdes pertes. La FSMA doit donc intervenir- rapidement - pour séparer le bon grain de l’ivraie chez les finfluenceurs.

Gertjan Verdickt est professeur assistant de finance à la KU Leuven et chroniqueur pour Investment Officer.

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