En 2025, le monde sera confronté à des défis toujours plus importants, alerte le Global Risk Report 2025 du Forum économique mondial. Des tensions géopolitiques aux crises environnementales en passant par l’influence croissante de la désinformation, ces risques auront des répercussions majeures, tant à court qu’à long terme, sur les économies, les gouvernements et les sociétés.
En tête de liste des risques pour les deux années à venir figurent les conflits armés et les rivalités géopolitiques. La guerre en Ukraine constitue un facteur de déstabilisation majeur, avec des répercussions sur l’approvisionnement mondial en énergie et en denrées alimentaires. Les tensions dans le détroit de Taïwan et au Moyen-Orient sont également identifiées comme des sources de conflits potentielles.
« Les conclusions du Global Risk Report sont préoccupantes », déclare Henk Volberda, professeur de stratégie et d’innovation à l’université d’Amsterdam et directeur de l’Amsterdam Centre for Business Innovation, qui a participé à l’étude sur les risques réalisée par le Forum économique mondial. « Le tableau reflète ce que nous observons dans le monde qui nous entoure. Mais je garde espoir : en unissant nos forces et en renforçant la coopération internationale, en particulier en Europe, nous pourrons réduire les risques. »
« Catastrophe mondiale »
Henk Volberda table sur un pessimisme croissant des experts dans les années à venir. Plus d’un tiers d’entre eux estiment que le risque de « catastrophes mondiales » augmentera au cours des deux prochaines années, tandis que près des deux tiers anticipent une telle éventualité dans les dix prochaines années.
Le rapport, basé sur plus de 900 experts à travers le monde et présenté cette semaine à Davos, met en lumière une transition vers un ordre mondial multipolaire et fragmenté, dans lequel les rapports de force traditionnels cèdent la place à un équilibre des forces encore plus complexe. Les conflits entraînant des perturbations des routes commerciales limitent l’accès aux matières premières essentielles et perturbent les chaînes d’approvisionnement.
Selon le rapport, de nombreux pays privilégient désormais les partenariats régionaux et rapatrient leur production sur leur propre territoire. Si cette stratégie réduit leur dépendance, elle peut également entraîner une hausse des coûts et ralentir la croissance économique.
Transformations systémiques
« Les transformations systémiques dans les domaines de la géopolitique, du changement climatique, des avancées technologiques et des évolutions démographiques contraignent les pays à s’adapter plus rapidement et avec davantage de flexibilité à cette nouvelle réalité », indique le rapport.
Le passage d’un ordre mondial dominé par l’Occident à un système plus décentralisé et multipolaire complique non seulement la coopération internationale, mais entraîne également une plus grande incertitude économique et politique. « Cette dynamique nécessite des stratégies innovantes et un leadership fort pour maintenir l’équilibre dans un monde de plus en plus fragmenté », commentent les auteurs.
Changement climatique
À plus long terme (sur une période de dix ans), les problèmes environnementaux dominent les préoccupations. Le changement climatique demeure une problématique urgente, marquée par une raréfaction des ressources en eau, des températures en hausse et des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents. Les régions les plus vulnérables seront particulièrement affectées.
La raréfaction des ressources en eau constitue un risque croissant pour la production agricole et les activités industrielles. Par ailleurs, la transition vers les énergies renouvelables exerce une pression accrue sur la sécurité énergétique. Les décideurs politiques sont exhortés à accélérer les investissements dans des infrastructures durables, et ce, malgré les vents contraires sur le plan économique.
Le rapport souligne que les efforts actuels pour atténuer le changement climatique et s’y adapter sont loin d’être suffisants. Il en résultera un durcissement des réglementations et une pression financière accrue sur les entreprises et les gouvernements à l’échelle mondiale.
Désinformation
Le rapport identifie la désinformation comme une menace critique pour les sociétés et les systèmes technologiques. La diffusion rapide de fausses informations, souvent amplifiée par l’intelligence artificielle, sape la confiance dans les institutions et exacerbe la polarisation politique. Ces dynamiques sont particulièrement préoccupantes dans les régions marquées par des troubles sociaux et dotées de structures de gouvernance fragiles.
La cybersécurité constitue également une préoccupation croissante. Les institutions financières, les infrastructures critiques et les services publics sont de plus en plus souvent la cible d’attaques sophistiquées. Selon le rapport, la coopération internationale est essentielle pour contenir ces risques, mais les progrès sont lents.