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D’emblée, la crise du coronavirus a été comparée à une situation de guerre. Le 17 mars, le président Macron s’est adressé au peuple français en ces termes : « Nous sommes en guerre, et ce pays va être confiné ». Selon Boris Johnson, le COVID-19 constitue le plus grand défi depuis la Seconde Guerre mondiale. La guerre semble ne mener à rien de bon.

Mais ce n’est pas tout à fait vrai : en temps de guerre, les investissements augmentent en effet considérablement. Tout ce qui est nécessaire pour vaincre l’ennemi est sorti du placard. Comme le disait Platon : ‘La nécessité est la mère de l’invention’. Il semble même que la guerre soit nécessaire pour passer à l’étape technologique suivante. En général, la conception a lieu bien avant la guerre, mais le développement est trop coûteux.

Un bon exemple en est le moteur à réaction, qui a été conçu au début des années trente et dont il existait même des prototypes, mais dans lequel on n’a pas investi pleinement avant la guerre. L’avion est arrivé trop tard pour influencer la bataille. Sans la Seconde Guerre mondiale, la course à l’espace aurait également commencé plus tard. Les Russes transportaient les pièces des V1 et V2 et les Américains ont offert la citoyenneté américaine à Werner Von Braun. Sans la Seconde Guerre mondiale, il n’y aurait ni radar, ni caoutchouc synthétique, ni hélicoptères, ni pénicilline.

Dès le début de la crise du coronavirus, les gouvernements ont été directement prêts à ouvrir leur portefeuille, un contraste frappant avec les années qui ont suivi la grande crise financière. À l’époque, il fallait faire des économies. En Europe, sous la direction d’Angela Merkel et de Wolfgang Schäuble, aux États-Unis, grâce à la politique d’équilibre budgétaire du Tea Party. Les Chinois devaient alors empêcher l’économie mondiale de sombrer dans la dépression. Maintenant, d’importants programmes d’investissement sont en préparation.

Tout à coup, il est possible de concevoir plusieurs vaccins en un an, ce que l’on croyait encore impossible au début de l’année. Plusieurs gouvernements ont également conclu des ‘Green Deals’. Par exemple, l’UE veut réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2050 et rendre l’économie encore plus durable. Les coûts sont estimés à au moins 1 billion (1000 milliards) d’euros. Le Japon est sur la même ligne que l’Europe.

En Amérique, l’aile gauche des démocrates a également proposé un Green New Deal.  Biden était réticent pendant la campagne, mais veut investir 2000 milliards de dollars dans la lutte contre la crise climatique.  La Chine veut être neutre en CO2 d’ici 2060 et considère la réalisation de cet objectif comme la preuve de la supériorité du système communiste. 

Avec le coronavirus, les gens s’adaptent également à la nouvelle situation. Le manque de masques offre de nombreuses solutions créatives. L’intelligence artificielle est utilisée pour surveiller la distance entre les personnes. L’argent numérique connaît un essor rapide. L’impact semble faible, mais les possibilités à long terme sont énormes. Les robots présentent l’avantage de ne pas pouvoir être infectés et de n’infecter personne. Les développements dans ce domaine sont maintenant si rapides que l’année 2020 peut probablement aussi être considérée comme la percée définitive du robot. La masse critique a été atteinte et les développements se succèdent rapidement. Bientôt, l’utilisation du robot sera encore stimulée par l’augmentation du salaire minimum.  

Le travail et l’apprentissage à distance représentent également un énorme gain de productivité. De même, la télémédecine est devenue normale. Cette nouvelle technologie permet de maîtriser deux postes de dépenses importants du gouvernement, l’éducation et les soins. Grâce au COVID-19, on peut tabler sur une accélération de la biotechnologie. Tout à coup, technicien de laboratoire est devenu une profession populaire. Les différentes technologies qui ont été développées ces dernières années se renforcent mutuellement. À cet égard, la 5G arrive pile au bon moment. Les voitures autonomes offrent maintenant l’avantage supplémentaire que le chauffeur ne peut plus vous infecter. Cependant, la plupart des inventions restent encore à venir.

À cet égard, 2021 est une année de transition. Nous ne reviendrons pas à la situation de 2019. Les termes ‘avant la guerre’ et ‘après la guerre’ étaient régulièrement utilisés au 20e siècle. Aujourd’hui, on parle de pré-COVID et de post-COVID. Les consommateurs post-COVID vont profiter de leur liberté, car ils ont beaucoup économisé. Les grands changements offrent également de nombreuses opportunités aux entrepreneurs. Une grande différence avec la grande crise financière est que le nombre de nouvelles entreprises avait alors diminué, tandis qu’il augmente maintenant de façon spectaculaire.    

                                      
Au troisième trimestre 2020, 1,5 million de nouvelles entreprises ont été créées aux États-Unis, soit le double pour la même période en 2019. En France, 84 000 nouvelles entreprises sont venues s’ajouter en octobre, le nombre le plus élevé jamais atteint en un mois. Au Royaume-Uni, le nombre de nouvelles entreprises a augmenté de 30 %, la plus forte augmentation depuis 2012. À long terme, toutes les entreprises seront sources d’emploi, d’innovation et donc, de productivité. Cela s’inscrit également dans le scénario en super V pour les années à venir selon lequel, grâce au COVID-19, l’économie se développera plus rapidement après le COVID que pendant la période pré-COVID. Ce qui est également caractéristique d’une guerre : bon pour l’économie et pour la bourse.

Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fait part de son analyse et de ses commentaires sur les conséquences de la crise du coronavirus pour l’économie et les marchés sur Fondsnieuws. Ses articles paraissent le mardi et le jeudi.
 

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