Deutsche Bank Belgium entend se positionner résolument comme un acteur mondial et se développer encore davantage dans le segment du private & wealth management. La présence locale est importante. Le facteur distinctif par rapport aux autres banques privées et gestionnaires de patrimoine est que Deutsche Bank Belgium mise principalement sur le conseil et l’accompagnement en matière d’investissement, y compris pour les petits portefeuilles. La gestion discrétionnaire standard de la concurrence n’est absolument pas la stratégie poursuivie.
C’est ce qui ressort d’un entretien avec Olivier Delfosse (photo), CEO de Deutsche Bank Belgium et responsable de la branche Private Banking pour le Benelux et la France chez Deutsche Bank. Deutsche Bank Belgium est principalement connue comme la banque des particuliers, mais elle est également très active dans le domaine du corporate banking, de l’investment banking et des services d’investissement.
« Nous voulons nous développer dans ces différents segments en Belgique et avons de nouveau des investment bankers à Bruxelles depuis le Brexit. Nous pouvons maintenant également desservir ce marché depuis Paris et Amsterdam. Bruxelles occupe une place centrale dans le domaine du corporate banking, en particulier pour les services destinés aux grandes entreprises belges », explique Delfosse.
Conseil
Selon Delfosse, Deutsche Bank veut devenir la première banque pour les investisseurs qui attachent de l’importance au conseil. « C’est ce qui fait la différence avec la plupart des banques privées de notre pays, qui proposent principalement ou exclusivement une gestion discrétionnaire interne. Nous voulons nous baser sur une analyse approfondie et des recherches de qualité pour conseiller et servir les clients privés de manière optimale.
Nous ne sommes probablement pas le bon partenaire pour ceux qui recherchent uniquement des services bancaires standard. Nous ne voulons pas non plus nous séparer de segments de clientèle. Les clients fortunés disposant d’un portefeuille de 100 000 euros sont assurément les bienvenus chez nous. À l’autre bout du spectre, Gilles Staquet poursuivra le développement du Wealth Management pour le segment supérieur.»
Selon Delfosse, Deutsche Bank cherche également à tirer parti de sa position de véritable acteur mondial. « Les clients plus complexes et les UHNWI exigeants, tels que les family offices, les holdings familiaux et les entrepreneurs actifs, peuvent profiter de notre expertise et notre réseau internationaux. Le bilan de Deutsche Bank peut faire la différence et permettre la réalisation de transactions très complexes ou de grande envergure. »
Évolutions
Delfosse voit plusieurs évolutions importantes sur le marché belge. D’une part, les grandes banques belges réalisent de gros investissements et communiquent à propos de leur capacité numérique à rattraper les grands acteurs technologiques comme Amazon et Apple.
D’autre part, avec les taux d’intérêt négatifs actuels, il n’est pas encore très intéressant pour ces derniers de proposer des comptes, mais lorsque les taux d’intérêt redeviendront positifs, ils pourront étendre leurs services aux comptes et aux services destinés aux particuliers. Selon Delfosse, Deutsche Bank Belgium ne vise pas cet objectif, contrairement à l’Allemagne, où 20 millions des 80 millions d’Allemands sont clients de la banque sur son marché d’origine.
Il considère que les conseils indépendants et l’architecture ouverte de Deutsche Bank Belgium constituent de véritables facteurs de différenciation par rapport aux autres banques. « Nous n’allons pas seulement donner des conseils sur la base des attentes du marché et des tendances en matière d’investissement, mais voulons aussi exploiter les grandes tendances économiques, comme l’intelligence artificielle, la robotique et la santé.
À cette fin, nous allons sélectionner les meilleurs gestionnaires dans ces thèmes. La tarification, la profondeur de la recherche, la qualité de notre service et de nos collaborateurs doivent également le permettre, tout comme les importants investissements dans l’IT et la numérisation. »
Le modèle de gestion purement discrétionnaire en vogue chez de nombreux gestionnaires de patrimoine et banques privées en Belgique n’est donc absolument pas la stratégie poursuivie par Deutsche Bank Belgium.
Agitation
Delfosse déclare que nous vivons dans un monde incertain, avec beaucoup d’agitation chez certains investisseurs, et qu’il est donc toujours important d’avoir une vision hélicoptère.
« L’Amérique est l’économie la plus importante, suivie par la Chine. L’Europe est également notre marché d’origine, et les investisseurs doivent assurément y rester investis. Mais nous devons ensuite examiner les tendances et investissements qui feront la différence en période d’incertitude. »
Il conclut en mettant en garde contre le danger de l’inflation, qui pourrait sérieusement éroder le pouvoir d’achat des 300 milliards d’euros parqués sur les comptes d’épargne belges, même si elle reste proche de l’objectif de 2 % de la BCE.
« La répression financière, avec une inflation supérieure aux taux d’intérêt, est un problème permanent. Le comportement en matière d’épargne en Belgique est inquiétant, et si les gens ne font rien, leur pouvoir d’achat sera gravement érodé. C’est le rôle du banquier de discuter de ces risques et de diversifier les actifs. Sinon, le Belge et, par extension, l’Européen qui épargne s’appauvrira. »