Matthieu Remy - Easyvest
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Le robot-conseiller belge Easyvest lance ce mois-ci l’Easyvest Pension Fund, un fonds de pension multi-employeurs. Avec cette solution, l’acteur fintech entend offrir aux PME une alternative pour la constitution d’une pension complémentaire pour les collaborateurs (deuxième pilier de pension).

Matthieu Remy, CEO et fondateur du groupe, ambitionne de concurrencer les assurances de groupe traditionnelles tout en simplifiant la mise en place de plans de pension collectifs. Son constat : ces dernières années, l’innovation a été limitée sur le marché belge en ce qui concerne les plans de pension complémentaire et d’épargne supplémentaire pour la retraite qui peuvent être constitués via l’employeur, en complément de la pension légale.

Assurance de groupe ou fonds de pension

En Belgique, environ 80 % des pensions complémentaires revêtent actuellement la forme d’une assurance de groupe, reposant principalement sur des produits branche 21 présentant un faible risque, mais aussi un rendement limité. Avec le lancement de l’Easyvest Pension Fund, Easyvest entend changer cette situation.

L’entreprise opérera via un fonds de pension, une structure bien connue en Belgique, mais qui ne représente actuellement que 20 % du marché. Afin de renforcer son développement et de s’implanter plus largement, Easyvest a levé 13 millions d’euros de capitaux nouveaux début octobre, auprès de Belfius Insurance et de la SFPIM, le bras financier de l’État belge.

Mais pourquoi cette lenteur de l’innovation sur le marché belge des pensions d’entreprise ? Matthieu Remy cite trois explications. « Le marché des pensions pour les salariés est dominé par un nombre restreint d’acteurs bien établis, tels que les grands assureurs AG et AXA. Sur un marché concentré, les incitations à innover sont faibles. Ensuite, la numérisation dans le secteur de l’assurance, et en particulier dans le domaine de l’épargne-pension, a pris du retard. Enfin, la faiblesse des taux d’intérêt de ces dernières années a poussé les compagnies d’assurance à limiter leurs dépenses, freinant ainsi les investissements dans l’innovation. »

ETF

Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, l’Easyvest Pension Fund n’est pas une SICAV. Il s’agit d’une société indépendante sous la marque Easyvest, qui peut proposer différents portefeuilles aux employeurs et à leurs salariés. Elle est réglementée par l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) et dispose de ses propres compliance officer, risk manager, auditeur interne et réviseur d’entreprise.

Les portefeuilles du fonds seront composés des deux mêmes trackers qu’Easyvest utilise déjà dans sa stratégie d’investissement habituelle : un ETF actions, qui suit 9000 entreprises cotées à l’échelle mondiale, et un ETF d’obligations d’État européennes, moins risqué mais offrant un rendement plus faible. La répartition entre ces deux types d’ETF sera ajustée en fonction de l’âge.

Frais

Les frais totaux de l’Easyvest Pension Fund s’élèvent à 1,5 % de l’actif sous gestion, sans frais d’entrée ni de sortie.

« C’est légèrement plus élevé que les frais de gestion habituels chez Easyvest, qui se situent entre 0,5 et 1 %, mais la gestion administrative est plus lourde : nous devons produire davantage de rapports et sommes soumis à une surveillance plus importante. De plus, les primes perçues sont également moins élevées et ne représentent que de quelques milliers d’euros par an », explique Matthieu Remy.

« Les frais sont donc supérieurs à ceux de notre offre existante, mais restent en deçà de ceux des assurances de groupe traditionnelles, qui appliquent souvent 5 % de frais d’entrée », explique Matthieu Remy. En partageant les frais entre les employeurs et en s’appuyant sur la numérisation des processus, Easyvest se fait fort de proposer une solution plus abordable que les offres concurrentes du marché.

Encore plus d’innovation

Le rêve de Matthieu Rémy est d’individualiser les plans de pension d’entreprise. Il souligne qu’Easyvest dispose de la technologie nécessaire pour y parvenir et que la réglementation le permet. Cependant, la plupart des fonds de pension fonctionnent encore selon un modèle collectif, similaire à celui des assurances de groupe.

« Aujourd’hui, les gens changent en moyenne trois ou quatre fois d’employeur au cours de leur carrière, ce qui rend le modèle de groupe moins pertinent. Nous devons individualiser davantage le système de pension. Mais actuellement, la décision reste aux mains de l’employeur », explique-t-il. Easyvest entend changer cette situation en proposant aux employeurs une charte de gestion permettant de développer des stratégies individuelles, adaptées à l’âge des salariés.

La fintech, surtout connue pour ses conseils en investissement dispensés en ligne, doit cependant relever un défi de taille. « Il nous faudra convaincre les services RH des entreprises, car l’épargne collective via un fonds de pension est encore peu répandue. »
Chez les grandes entreprises, le marché des pensions est déjà dominé par les deux acteurs principaux, AG et AXA. Matthieu Remy cible donc en priorité les petites et moyennes entreprises. « Les employeurs, quelle que soit leur taille, peuvent désormais souscrire au fonds de pension Easyvest et proposer à leurs employés et administrateurs un plan de pension entièrement basé sur des fonds indiciels ETF. »

Un travail de plusieurs décennies

L’ambitieux CEO s’est fixé des objectifs précis. « D’ici dix ans, 10 000 entreprises devront être affiliées à l’Easyvest Pension Fund, avec un total de 100 000 travailleurs belges et au moins 1 milliard d’euros d’actif sous gestion. » Cela représenterait une croissance considérable pour Easyvest, qui gère actuellement 200 millions d’euros d’investissements pour 3000 clients (particuliers et entreprises).

Le principal défi pour le groupe est de se positionner comme un acteur fiable et d’étoffer son historique de performance. « Comme les pensions s’étendent sur plusieurs dizaines d’années, nous devons être en mesure de prouver qu’Easyvest sera toujours là dans les décennies à venir. Et naturellement, les grands acteurs du marché ont déjà une longueur d’avance dans ce domaine. »

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