L’entrée en bourse de la banque nationalisée Belfius, suggérée par le vice Premier ministre Kris Peeters, se fera sur fond d’actions bancaires européennes en berne : elles ont perdu pas moins de 25 pour cent de leur valeur en 2018.
Le vice-Premier ministre démissionnaire Peeters (CD&V) a annoncé qu’il voyait encore une possibilité d’entrée en bourse cette année. Il souhaite proposer aux coopérateurs d’Arco une compensation sur les revenus générés par cette introduction. Il était déjà question d’une entrée en bourse en septembre dernier, mais celle-ci a été refusée par le gouvernement car le conseil d’administration de Belfius y avait posé des conditions.
D’autres membres du gouvernement doutent
La raison en était alors que l’Europe n’avait pas encore reçu de feu vert pour un accord avec les coopérateurs d’Arco ; entre-temps, cette autorisation a été accordée. Selon Peeters, un accord définitif peut donc désormais être trouvé avec les coopérateurs d’Arco.
On peut en revanche se demander si Peeters obtiendra ce qu’il souhaite avec cette introduction en bourse. Le climat boursier s’est fortement détérioré par rapport au printemps 2018. Le ministre des Finances Alexander De Croo (VLD) a déjà déclaré émettre des doutes quant à une telle introduction dans le climat actuel. Il en va de même pour son collègue Didier Reynders (MR).
Il y a un an, on estimait encore qu’une entrée en bourse de Belfius rapporterait une trésorerie de 7 à 9 milliards de dollars ; actuellement, le montant dont il est question se situe plutôt dans la fourchette basse.
Une année catastrophique pour les actions bancaires européennes
Les cours des actions bancaires européennes ont connu leur pire année depuis la crise de la zone euro : en 2018, le secteur a perdu 25 pour cent de sa valeur, tandis que sa volatilité était, à près de 20 pour cent, significativement supérieure à celles des années précédentes.
Ceci s’explique par la perte de confiance des investisseurs due à une faible rentabilité, à des modèles de revenus obsolètes, à des taux d’intérêts négatifs et au Brexit. Les investisseurs en actions bancaires ont perdu au total 380 milliards de dollars sur leurs positions dans ces titres ; en moyenne, les actions bancaires sont actuellement négociées en dessous de leur valeur comptable. «
Ceci est principalement dû aux fait que les actions bancaires européennes ne rapportent qu’un bénéfice limité par rapport à leurs pairs américains et asiatiques », affirme Ronit Ghose, principal analyste bancaire de Citigroup.
D’après des données du Citi américain, le bénéfice par action bancaire est de 16 pour cent aux États-Unis, contre seulement la moitié en Europe, précise Ghose. Le plus mauvais élève européen est la Deutsche Bank qui, l’année dernière, a vu s’envoler plus de 50 pour cent de sa valeur.
Les investisseurs en actions bancaires ont perdu au total 380 milliards de dollars sur leurs positions dans ces titres.