Febelfin, l’organisation sectorielle des institutions financières, souhaite travailler avec ses membres à une solution plus adaptée aux clients pour la création et l’utilisation de profils d’investisseurs. C’est ce qu’explique Karel van Eetvelt, CEO de Febelfin, lors d’un entretien avec Investment Officer.
Selon Van Eetvelt, les nouvelles règles européennes de MiFID II en matière de protection des investisseurs comportent tant d’obligations d’avertir et informer que le client risque justement de ne plus rien écouter.
« La plupart des règlementations ont été établies en fonction des consommateurs, mais se sont finalement avérées tout sauf adaptées à ces derniers. Lorsque je parcours les questionnaires que l’on nous impose de soumettre aux clients, je me dis que notre secteur devrait peut-être se montrer un peu plus créatif et chercher d’autres solutions. »
Définir dans quelle mesure il est pertinent, pour un client, d’investir dans un certain produit constitue l’un des plus importants piliers de la nouvelle législation pour ce qui concerne la protection des investisseurs. En outre, ce n’est plus au client lui-même, mais à son conseiller, qu’incombe la responsabilité d’évaluer cette pertinence.
Van Eetvelt n’émet aucun doute quant aux objectifs de MiFID II – une meilleure protection du client grâce à plus de transparence – mais se demande tout de même si cette règlementation de 7 000 pages ne passe pas à côté de son but sur le plan administratif.
« Les clients ont du mal à comprendre pourquoi on leur pose autant de questions, ils trouvent frustrant de devoir souvent répondre aux mêmes et perçoivent cela comme un fardeau. Pourtant, établir un profil de client doit justement être un outil qui donne confiance au client en lui montrant que la banque répond au mieux à ses besoins », constate Van Eetvelt.
De plus, chaque institution financière possède actuellement ses propres questionnaires, dont le contenu est à peu près identique mais formulé différemment, précise Van Eetvelt. « Les clients ne peuvent de surcroît pas se contenter de remplir ces longs questionnaires une seule fois, ils doivent tout recommencer pour chaque institution. C’est frustrant, non seulement pour le client lui-même, mais aussi pour son conseiller. »
Le CEO n’est cependant pas encore en mesure de dire s’il est concrètement possible de résoudre ce problème, ni quand des solutions seront présentées. Il estime que plusieurs pistes sont envisageables : « Je pense par exemple à des profils de clients et des questionnaires plus uniformisés. Une possibilité serait également de développer des applis pour aider le client à adapter son profil MiFID, le partager avec d’autres banques et en assurer le suivi. »
Il souhaite, dans un avenir proche, entamer des discussions sectorielles autour de la faisabilité et la nécessité d’une telle approche. « On commence doucement à en parler, mais tout le monde n’est pas encore convaincu. Chaque option possède ses avantages et ses inconvénients, y compris pour le client, et nous devons mieux les comprendre. Je pense cependant que ce serait rendre un grand service aux clients. »
Lors de sa prise de poste, Van Eetvelt avait annoncé que l’amélioration de la convivialité pour les clients constituerait l’une des priorités de sa politique. Selon lui, il est également indispensable à cet égard que le secteur unisse ses efforts. « La standardisation et la simplification sont non seulement nécessaires si l’on souhaite que le travail des banquiers reste gérable en 2018, mais elles doivent en outre nous permettre de garantir davantage de convivialité pour le client. Il reste encore beaucoup à faire sur ce point au niveau sectoriel. »
L’interview intégrale de Karel Van Eetvelt sera disponible la semaine prochaine sur investmentofficer.be