Vincent Derudder (FECIF) souligne les manquements des nouvelles règlementations européennes, et l’absence de préparation des régulateurs et des compagnies d’assurance. Avant de pointer que les consommateurs sont les derniers à avoir demandé une telle frénésie réglementaire.
Vincent Derudder est président honoraire et fondateur de la FECIF, la Fédération Européenne des Conseillers et Intermédiaires Financiers, une organisation qu’il a dirigé pendant plus de quinze ans. Il se montre aujourd’hui extrêmement critique quant aux diverses règlementations européennes en passe d’être introduites.
« La qualité qu’il est possible de leur trouver est une plus grande transparence, notamment au niveau des frais. Le problème est qu’on en ait fait une véritable usine à gaz, or plus une réglementation est compliquée, et plus des petits malins trouveront comment passer à travers les mailles du filet ».
« En Europe, nous avons 27 pays avec des méthodes de travailler différentes, avec des règlementations et des produits différents. Et en voulant mieux protéger les consommateurs, on les protège en définitive moins. ». Il souligne enfin que la majorité des acteurs financiers ne sont pas prêts pour l’arrivée de ces nouvelles règles, qui provoquent la confusion chez les régulateurs nationaux et qui vont engendrer des coûts importants dans le secteur de la gestion d’actifs. « La période de mise en place est beaucoup trop courte ».
Manque de clarté
« PRIIPs est clairement la règlementation la plus absurde. Elle est supposée apporter aux consommateurs de l’information. Pour un contrat belge de branche 23 avec dix fonds, cela reviendra à fournir plus de 500 pages de documentation au client. Ceux qui ont produit cette règlementation n’ont clairement jamais eu d’expérience sur le terrain, et considèrent dogmatiquement que les clients ne sont pas capables de prendre des décisions de leur propre chef, et qu’ils doivent être protégés contre leur gré. Le coût pour appliquer cette directive est délirant, et personne n’en veut, que ce soient les conseillers financiers, les clients ou le secteur ».
Vincent Derudder n’accorde pas plus de crédit à Mifid et IDD. « Depuis les années 2000, nous nous opposons à un saucissonnage des règlementations, afin qu’il ne puisse pas y avoir d’arbitrage réglementaire pour des produits qui sont destinés aux mêmes consommateurs, et c’est bien entendu ce qui s’est produit. Et alors qu’elles devraient s’inspirer l’une de l’autre, elles s’entrecroisent et vont créer des conflits ».
Changement
Même s’il semble assez pessimiste par rapport aux diverses initiatives prises, Vincent Derudder souligne toutefois qu’un espoir pourrait résider dans la montée en puissance du secteur des FinTech, ou dans une victoire des mouvements anti-européens lors des prochaines élections européennes en 2019, qui pourrait « remettre en question la manière dont la commission européenne fonctionne ainsi que le travail qui entraîne l’apparition de ces règlementations absurdes ».
Dans l’intervalle, il estime que les clients continueront de préférer avoir un contact avec un être humain pour avoir un conseil. « C’est un élément que toutes les règlementations au monde ne pourront pas supprimer ».