Hier, le FOMC (Federal Open Market Committee) a annoncé une nouvelle importante : la banque centrale américaine va augmenter son taux de base de 50 points de base. Quelle importance cela revêt-il pour les investisseurs ?
Certains chercheurs ont étudié l’évolution des rendements boursiers (attendus) au cours du «cycle du FOMC». On observe un schéma très frappant : la prime sur les actions, ou la différence entre les actions et les obligations, est acquise dans les semaines paires qui suivent la réunion du FOMC, comme le montre le graphique 1.
Figure 1 : Le rendement moyen du marché boursier (en plus du taux obligataire sans risque) sur une période de 5 jours autour d’une réunion du FOMC.
Au cours des 23 dernières années (soit 184 réunions du FOMC), la prime moyenne sur les actions a été de 0,57 % la semaine de la réunion, de 0,33 % la semaine 2 et de 0,46 % la semaine 4. Les semaines impaires, en revanche, ont vu une performance boursière plutôt médiocre : -0,18% la première semaine après la réunion, -0,18% la troisième semaine et -0,09% la cinquième semaine. Si l’on traduit cela en gain de dollars : 1 dollar en 1994 est passé à 7,68 dollars en 2016. En investissant uniquement pendant les semaines impaires suivant les réunions du FOMC (semaines 0, 2, 4 et 6), les investisseurs ont vu leur dollar atteindre 15,22 dollars en 2016, soit près du double d’une stratégie ordinaire d’achat et de conservation. Investir dans les semaines impaires autour des réunions du FOMC (semaine 1, 3, 5 et 1 semaine avant la réunion) a été très désavantageux : 1 $ en 1994 est devenu 0,51 $ en 2016.
Si vous pensez que seul l’investisseur américain peut en profiter, vous pourriez rapidement penser le contraire : les rendements des marchés boursiers internationaux ont également été systématiquement plus élevés dans les semaines paires suivant les réunions du FOMC. Et on observe un schéma similaire sur le marché obligataire :
Figure 2 : La ligne bleue montre la baisse réalisée de l’obligation d’État américaine à 10 ans, la ligne orange indique les changements hypothétiques de l’obligation d’État américaine à 10 ans lorsque nous ignorons les 3 jours autour des réunions du FOMC. La figure montre les réunions programmées et non programmées.
Cette tendance du marché boursier est-elle de la pure chance ? L’exploration des données ? Ou une histoire économique ? Tout indique qu’il s’agit d’une histoire économique, et plus encore d’une histoire de politique monétaire. Deux points principaux sont mis en évidence :
1. Les changements d’objectifs entre les réunions ont presque toujours lieu les semaines paires (voir hier) : seuls 7 des 62 changements n’ont pas été communiqués lors d’une réunion du FOMC. Ainsi, comme dans la figure 2, les actions réagissent largement à la banque centrale américaine et la période entre les décisions de la banque est relativement calme.
2. La communication informelle des banquiers de la Fed aide le marché à mieux comprendre les choses. Le marché ne réagit guère à la communication officielle, où tout est annoncé de manière plus mesurée aux investisseurs.
Gertjan Verdickt est chargé de cours en sciences de l’investissement à la KU Leuven et expert Investment Officer.