Les actions américaines axées sur la croissance ont brillé en 2023. Les Sept Magnifiques ont mené le bal, mais n’ont pas été les seules à faire belle figure. Malgré ces superbes performances, les investisseurs sont devenus bien plus frileux et retirent désormais leurs capitaux des fonds investissant sur ce segment.
Le terme d’actions de croissance américaines évoque immédiatement les Sept Magnifiques : Apple, dont le cours a bondi de 44 % en 2023, Alphabet (53 %), Amazon (75 %), Meta (184 %), Microsoft (53 %), Nvidia (228 %) et Tesla (95 %). C’est logique : ces chiffres témoignent de leur excellente performance l’an dernier. Ensemble, ces titres ont assuré près des deux tiers du rendement de l’indice Morningstar US Large-Mid Cap Broad Growth, qui a progressé de près de 32 % l’an dernier ; fin 2023, ils représentaient près de 29 % de l’indice.
Mais malgré leur hégémonie, ces titres n’ont pas été les seuls à signer un bon cru 2023. Sur les plus de 600 actions qu’inclut l’indice, quatorze autres ont vu leur cours doubler au minimum. C’est notamment le cas de Coinbase Global, Uber Technologies et Advanced Microdevices. Le cours de 61 actions supplémentaires a connu une augmentation de 50 à 100 %.
Ces entreprises ont un point commun : elles font partie du secteur technologique. Avec un rendement supérieur à 60 % en 2023, le secteur a aussi pris une longueur d’avance sur les autres secteurs de l’indice, malgré les performances vraiment honorables des services de communication (48 %) et de la consommation cyclique (47 %).
Timing mal géré
Malgré ces belles performances, les investisseurs ne se sont pas rués sur les fonds de la catégorie Morningstar des fonds d’actions américaines de grande capitalisation de croissance. Au contraire, ils ont même retiré 4 milliards d’euros des fonds commercialisés en Europe. Cette décollecte s’inscrit dans une tendance amorcée en 2021 ; depuis cette date, des sorties nettes ont été enregistrées chaque année. Elles ont culminé en 2022, avec pas moins de 15 milliards d’euros retirés. Les investisseurs ont cette fois-là encore mal géré le timing, car ils ont manqué le train de la hausse qui a eu lieu l’année suivante.
Sur le long terme non plus, les investisseurs en fonds ne jettent pas vraiment leur dévolu sur les actions de croissance américaines. Sur la décennie écoulée, les fonds de la catégorie ont affiché une décollecte nette de plus de 12 milliards d’euros. Et pourtant, l’actif sous gestion des fonds d’actions de croissance américaines est passé de 55 milliards d’euros fin 2014 à 145 milliards d’euros en juillet 2024. Ce triplement résulte exclusivement des belles performances, qui ne se sont pas limitées à 2023. Les actions de croissance américaines ont connu aussi une période florissante en 2021 (+32 %), en 2020 (+26 %) et en 2019 (+37 %).
Entre début janvier et début septembre, l’indice Morningstar US Large-Mid Cap Broad Growth a progressé de pas moins de 13 %. Mais le tableau devient plus hétérogène au niveau des Sept Magnifiques. Nvidia signe une avancée de 114 % sur la période, malgré les récentes baisses de cours en raison des doutes apparus sur les attentes élevées concernant la croissance du marché de l’IA. A +45 %, Meta signe aussi une performance très honorable. La performance des autres actions se rapproche davantage de celle de l’indice. Tesla reste dans l’ombre, avec un recul de 12 %.
Une équipe stable
Les stratégies qui apparaissent sur le radar de Morningstar se distinguent par la solidité de l’équipe de gestion et du processus d’investissement. Les analystes de fonds de Morningstar mènent une analyse qualitative soigneuse et s’appuient sur des algorithmes appliquant un cadre similaire. Nous mettons en lumière un fonds de la catégorie qui répond à ces critères. Le fonds Loomis Sayles US Growth Equity est noté Above Average par les analystes de Morningstar sur le pilier People et même High, la plus haute note, sur le pilier Process. Sa note Morningstar Medalist Rating s’établit donc à Silver.
Le fonds est piloté par Aziz Hamzaogullari, qui a lancé la stratégie en 2006, alors qu’il travaillait encore chez Evergreen Investments. Il a rejoint Loomis Sayles en 2010, en compagnie de trois analystes. Depuis, l’équipe s’est étoffée de cinq nouveaux analystes qu’il a formés lui-même. Elle se caractérise par une grande stabilité : aucun analyste n’a quitté le navire sur la période. L’équipe gère plusieurs stratégies, mais la charge de travail n’est pas préoccupante car les portefeuilles concentrés présentent beaucoup de caractéristiques communes et ne comptent qu’un peu plus de actions différentes au total.
L’approche du fonds repose sur l’identification d’entreprises présentant un avantage concurrentiel fort. L’horizon de placement est long. Les entreprises doivent disposer d’un modèle d’activité solide et de moteurs de croissance sur les cinq années à venir, notamment pour augmenter le cash-flow disponible. Aziz Hamzaogullari n’a pas peur de faire des choix tranchés : le portefeuille ne compte généralement que 30 à 40 positions.
Il répartit ses investissements sur plusieurs secteurs. Alors que l’indice Morningstar US Large-Mid Cap Broad Growth est composé pour moitié de valeurs technologiques, le secteur ne représente que 30 % du portefeuille. Les services de communication et la santé sont surreprésentés.
Le fonds a signé un excellent cru 2023, devançant nettement son indice de référence, avec un rendement avoisinant les 46 %. Sur les huit premiers mois de 2024, il surperforme aussi, mais plus modestement. Parmi les fleurons du portefeuille cette année figurent notamment Nvidia et Meta, qui font partie des dix positions les plus importantes, mais aussi Intuitive Surgical, Netflix et Oracle.
Ronald van Genderen est Senior Manager Research Analyst chez Morningstar. Membre du panel d’experts d’Investment Officer, Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives.