L’inflation est un thème qui continue d’agiter les marchés financiers. Le jour de la Saint-Valentin, nous avons appris que les prix à la consommation avaient augmenté de 6,4 % par rapport à l’année précédente. S’agissant des composantes, il apparaissait en particulier que l’inflation hors alimentation et énergie avait augmenté de 4 % par rapport à la même période de l’année dernière. La publication des chiffres de l’inflation a d’ores et déjà conduit à un marché boursier plat pour la Saint-Valentin. Mais cela soulève une question importante : à quoi les investisseurs peuvent-ils s’attendre dans différents scénarios ?
Figure 1 : variations annuelles de l’inflation dans le monde, aux États-Unis, et récessions aux États-Unis.
Les chercheurs de Robeco sont remontés jusqu’en 1875 et ont calculé le rendement d’un portefeuille composé de 60 % d’actions et 40 % d’obligations dans différents régimes d’inflation :
- La déflation a généré un rendement réel moyen de 6,7 % par an.
- Inflation entre 0 % et 2 % : rendement réel moyen de 7,2 % par an
- Inflation entre 2 % et 4 % : rendement réel moyen de 5,6 % par an
- Inflation supérieure à 4 % : rendement réel moyen de -2,9 % par an
Cela doit-il nous surprendre ? Non. En effet, l’inflation génère des coûts supplémentaires pour les entreprises et les consommateurs, ainsi qu’un environnement incertain (par exemple, les entreprises effectueront-elles de nouveaux investissements ?). Les futurs flux de trésorerie, par exemple au cours des 5 prochaines années, peuvent être plus faibles (en raison du manque de nouveaux investissements) ou beaucoup plus risqués (les investisseurs exigent une prime plus élevée pour la détention du risque). Conséquence : la bourse perd une partie de sa valeur.
Le régime actuel, avec une inflation nettement supérieure à 4 %, a un sérieux impact sur le portefeuille. Cela signifie-t-il que tout espoir est perdu ? Certainement pas. Certaines stratégies d’investissement, telles que Momentum, Value et Low Risk, fournissent tout de même de beaux chiffres :
La stratégie Value affiche un rendement moyen de 2,1 % en déflation à 3,8 % en cas d’inflation supérieure à 4 %.
Momentum affiche un rendement moyen de 6,1 % en déflation à 5,7 % en haute inflation.
Low Risk affiche un rendement moyen de 6,4 % en déflation à 5,3 % en haute inflation.
Figure 2 : Rendements moyens de différentes stratégies d’investissement dans des régimes d’inflation.
Au fil de l’histoire, ce type de stratégie spécifique a rapporté aux investisseurs. Cette tendance devrait également se renforcer à l’avenir. Value, Momentum et Low Risk ont en effet une base solide dans la théorie économique (et même psychologique). Pour illustrer cela, prenons l’exemple de Low Risk, une stratégie consistant à investir dans des actions ayant eu une volatilité plus faible que d’autres titres au cours de l’année écoulée. La raison en est que les investisseurs veulent acheter des actions qui vont augmenter plus que la bourse (et donc surperformer). Ils veulent donc des actions ayant une plus grande volatilité.
Si nous exprimons cela en termes de coefficient bêta, les actions dont le bêta est supérieur à 1 augmentent de plus de 1 % lorsque la bourse augmente de 1 %. Conséquence : les actions à faible volatilité sont ignorées et peuvent être achetées à un prix intéressant. C’est également ancré en nous psychologiquement : les investisseurs veulent des actions bon marché dont le rendement attendu est nettement supérieur à la moyenne (une ‘action loterie’, par exemple : prix bas, rendement attendu élevé). Conséquence : ils ignorent les actions à faible volatilité. Celles-ci sont alors (beaucoup) moins chères et voient leur valeur augmenter plus rapidement que les actions à volatilité plus élevée.
Ainsi, si le marché boursier général baisse fortement dans les régimes de taux d’inflation élevés, les investisseurs peuvent toujours envisager de réorienter leur portefeuille vers une stratégie plus spécifique. L’histoire nous apprend que cela peut constituer une solution intéressante pour tout de même récolter quelque chose.
Gertjan Verdickt est expert en connaissances chez Investment Officer et professeur d’économie financière.