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Quels sont les arguments pour mettre de l’or dans votre portefeuille ?

Bien que des arguments soient avancés en faveur de l’or en tant qu’investissement, peu de recherches scientifiques ont été menées sur le rôle de l’or dans une ‘allocation tactique des actifs’. Les principaux arguments avancés en faveur de l’or sont les suivants : il s’agit d’une couverture contre l’inflation ou d’autres devises, ainsi que d’une valeur refuge.

Nous examinons ces arguments tour à tour.

1.    Il s’agit d’une couverture contre l’inflation

Un coup d’œil sur notre histoire financière (récente) nous apprend qu’il existe de nombreuses raisons de s’inquiéter d’une inflation inattendue. En effet, les bilans de la Banque centrale européenne, de la Réserve fédérale et de la Banque d’Angleterre ont pris des proportions dramatiques en raison du recours à l’assouplissement quantitatif. L’or est alors souvent présenté (par les investisseurs en lingots d’or) comme l’investissement idéal.

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Examinons maintenant les chiffres de l’inflation et les rendements de l’or. La figure 1 reflète le taux d’inflation moyen sur les 10 dernières années, ainsi que les rendements nominaux et réels de l’or sur la même période. Ce qui est frappant, c’est que l’inflation n’a pratiquement pas bougé entre 1985 et 2012. L’or, en revanche, est beaucoup plus volatil – tant en termes nominaux que corrigés de l’inflation.

Si l’or était une couverture contre l’inflation, on s’attendrait à voir une relation plus claire/cohérente entre les deux séries chronologiques. C’est loin d’être le cas. En effet, la volatilité de l’or est plus de 10 fois supérieure à celle de l’inflation.

En prenant une période plus courte (1 an, par exemple), seuls 15 % des mouvements de l’inflation peuvent être expliqués par l’or. Sur une période de 10 ans, comme le montre la figure, cela ne représente que 1,2 %. Autrement dit, pas le schéma attendu d’une couverture de l’inflation.

2.    Il s’agit d’une couverture contre d’autres devises

Les investisseurs en lingots d’or font souvent référence aux innombrables dollars (ou euros et livres) imprimés par les banques centrales. L’or, disent-ils, est la meilleure couverture contre la dépréciation de ces taux de change.

En particulier, l’or les protégerait contre les fluctuations inattendues des taux de change – par exemple, si le dollar se déprécie de 10 % par rapport au yen et que l’or s’apprécie de 10 %, l’investisseur détenant de l’or dans son portefeuille est protégé.

Ainsi, si l’or était une bonne couverture contre les devises, on s’attendrait à ce que le bêta (la relation par rapport à la devise) soit de -1,0 (c’est-à-dire à ce que chaque baisse de la devise donne lieu à une hausse de la même ampleur).

Pour les principaux taux de change, cela donne : AUD (-0,16), CAD (-0,09), DEM (-0,21), GBP (-0,15) ou JPY (-0,14). En outre, la volatilité de l’or est extrêmement élevée, ce qui rend la relation entre l’or et ces taux de change tout sauf stable. L’or ne semble donc pas non plus constituer une bonne couverture contre la dépréciation d’autres devises.

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3.    C’est une valeur refuge

L’argument le plus courant en faveur de l’or est qu’il s’agit d’une valeur refuge. En effet, les investisseurs se réfugient, disent-ils, dans l’or en cas de liquidation d’actions. L’or offre alors (du moins pour les investisseurs en lingots d’or) la protection parfaite contre les left-tail events (cygnes noirs, selon Taleb).

Dans la figure 2, nous comparons le rendement de l’indice S&P500 et de l’or entre 1975 et 2012. Si l’or était effectivement une valeur refuge, on s’attendrait à voir de nombreux points de données sur le côté gauche de la figure – la valeur de l’or devrait en effet augmenter lorsque le S&P500 chute. Cependant, on constate que seuls 17 % de tous les points de données se trouvent dans le troisième quadrant.

Si on le compare aux bons du Trésor à 3 mois, il n’y a aucun point de données dans ce troisième quadrant. L’or n’est donc pas non plus une bonne valeur refuge (pour les obligations et les actifs).

N’y a-t-il donc aucun argument justifiant l’achat d’or ? Deux me viennent d’ores et déjà à l’esprit. Premièrement, en raison de la production limitée d’or, une décision des pays développés de détenir davantage d’or pourrait entraîner une pression à la hausse substantielle du prix de l’or. Deuxièmement, si chaque investisseur devait mettre de l’or dans son portefeuille, la pression sur le prix de l’or pourrait également augmenter (ce qui pourrait profiter aux investisseurs). 

Alors, faut-il mettre de l’or dans son portefeuille ? Tout comme pour les actions, l’approche diversifiée semble préférable : l’or fait partie du groupe des actifs réels (par exemple le vin, l’immobilier…) et des matières premières (par exemple le pétrole, l’argent…) : il faut donc examiner le potentiel de diversification en fonction du groupe dans lequel se trouve l’or, avec d’autres actifs réels et matières premières.

Gertjan Verdickt est prof à la KU Leuven et écrit sur la théorie de l’investissement et l’économie financière. Il est Investment Officer knowledge partner.

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