Un graphique tiré de la dernière édition de l’enquête mondiale de la Bank of America auprès des gestionnaires de fonds me préoccupe depuis un certain temps.
Le graphique montre le pourcentage net des gestionnaires de fonds interrogés qui pensent que l’économie va se renforcer (ligne bleu clair) et le pourcentage net des gestionnaires de fonds qui surpondèrent les actions (ligne bleu foncé).
En règle générale, les gestionnaires de fonds réduisent leur exposition aux actions lorsqu’ils s’attendent à un affaiblissement de la croissance économique et vice versa. Et ils ont de bonnes raisons de le faire. La baisse de la croissance est souvent associée, dans un premier temps, à de mauvais rendements des actions. L’indice ISM manufacturier en est un bon exemple. Lors de ses pics ou de ses chutes, les actions américaines réalisent en moyenne des rendements inférieurs à la moyenne, voire négatifs.
Mais pour l’instant, les gestionnaires de fonds n’en ont absolument pas conscience. Bien qu’ils pensent désormais que l’économie va se détériorer, leurs participations restent historiquement élevées. Le décalage important entre les prévisions de croissance et le positionnement s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’histoire TINA (There Is No Alternative), compte tenu des taux d’intérêt et des spreads obligataires encore bas.
Toutefois, avec la hausse des taux d’intérêt due à la persistance des pressions inflationnistes et au resserrement prudent de la politique monétaire, l’attrait relatif des actions diminue. En outre, à partir des niveaux actuels, les pondérations en actions des gestionnaires de fonds ne peuvent aller que dans un sens. En bas ! Une raison d’être un peu plus prudent avec les actions.
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une nouvelle plateforme qui offre une recherche indépendante permettant aux clients de construire des portefeuilles multi-actifs bien diversifiés. M. Blokland était jusqu’à présent responsable des actifs multiples chez Robeco.