Jeroen Blokland, Robeco
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Les gourous de la bourse et les analystes de marché, sans parler des médias sociaux, racontent énormément d’absurdités. Et je prends parfois le temps de l’expliquer. Ceux qui me suivent sur Twitter savent que l’une de ces histoires porte sur le pouvoir prédictif des investisseurs professionnels. Mais dans cette chronique, il s’agit de réfuter un mythe lié à la valorisation.

Ce que j’ai beaucoup entendu et vu passer ces dernières semaines, c’est qu’un ratio cours/bénéfice proche de 20 pour l’indice S&P 500 n’est pas un problème car pendant les récessions américaines, les valorisations augmentent. Ce qu’on ignore, c’est que ce chiffre de 20 est nettement plus élevé que lors de pratiquement toutes les récessions américaines précédentes.

Mais ce qui est au moins tout aussi important, c’est que cette récession n’est pas encore à l’ordre du jour. Et cela signifie qu’il faut regarder non pas ce qui se passe pendant une récession, mais le chemin qui y mène. Et à cet égard, l’histoire de la valorisation s’avère bien différente.

Le graphique ci-dessous montre l’évolution moyenne des ratios cours-bénéfice de l’indice S&P 500 un an avant et un an après le début des six dernières récessions américaines, l’analyse remontant jusqu’en 1980. Les ratios cours-bénéfice sont indexés à 100 afin de permettre une meilleure comparaison entre les différentes récessions. En effet, au début de la récession de 1980, le ratio cours/bénéfice de l’indice S&P 500 était de 7,7, contre 20,6 au début de la récession ‘dotcom’.

Waardering

L’image est on ne peut plus claire. Oui, la valorisation des actions augmente en moyenne pendant et juste après une récession (toutes les récessions ne durent pas un an.) Mais durant la période précédant cette récession, la valorisation baisse considérablement. Lentement au début, puis à une vitesse vertigineuse. Dans les 40 jours entourant le début d’une récession (20 jours avant et 20 jours après), le ratio cours/bénéfice a baissé en moyenne de 7 %. Si l’on tient compte du fait que les bénéfices par action baissent généralement aussi à l’approche de la récession, les cours ont donc dû baisser de plus de 7 % pour refléter cette valorisation plus faible.

Maintenant, bien sûr, les récessions ne se produisent pas très souvent, ce qui limite la signifiance statistique de cette analyse. D’ailleurs, le modèle de ratios cours-bénéfice d’abord en baisse puis en hausse se reproduit dans presque toutes les récessions. Mais là encore, affirmer sans discernement que la valorisation des actions n’est pas un problème parce qu’il y aura un jour une récession est donc incorrect et peu judicieux.

Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Blokland était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque jeudi sur Investment Officer.

 

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