Jeroen Blokland
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Alors que le monde entier se réjouit prématurément des baisses de taux d’intérêt auxquelles devraient procéder les banques centrales, les marchés boursiers chinois ont connu une année à oublier au plus vite. Mais en 2024, la Chine pourrait bien devenir la surprise de l’année.

Un écart de 110 %

Le graphique ci-dessous montre les performances de l’indice MSCI China, l’indice MSCI Emerging Markets, l’indice MSCI World et l’indice NYSE FANG+, qui regroupe les principales entreprises technologiques, pour cette année (en date du 20 décembre). Tous les rendements sont exprimés en dollars américains.

Pour commencer par ce dernier, les grandes entreprises technologiques ont vu leur cours bondir de près de 100 % cette année, en premier lieu du fait des attentes très élevées placées dans l’intelligence artificielle, et pas tant parce qu’elles ont réalisé maintenant beaucoup plus de bénéfices. En revanche, les actions chinoises ont chuté de 13 % cette année. Au total, la différence de rendement atteint 110 %. La Chine a également pris un retard considérable par rapport au reste des marchés émergents : l’indice MSCI Emerging Markets a progressé de 7 % depuis janvier.

Marché immobilier en récession

La cause de la sous-performance massive des actions chinoises est facile à identifier. Le pays est confronté depuis près de deux ans à une crise du marché immobilier sans fin, en premier lieu parce que le pays est moins capable que jadis de résoudre ces problèmes. Dans le passé, le gouvernement chinois a en effet fait exploser la croissance du crédit, repoussant ainsi le problème de quelques années au moins. Mais avec la vitesse actuelle d’accumulation de la dette, cela ne fait que soulever davantage de questions. C’est la raison pour laquelle les entreprises étrangères ont réduit pour la première fois leurs investissements directs et que Moody’s a abaissé sa perspective sur les obligations d’État chinoises de « stable » à « négative » pour la première fois depuis 1998 (!).

Addiction aux liquidités

Mais voilà, après deux ans de lutte, la Chine en a assez. Et donc, le gouvernement central ouvre à nouveau tous les robinets de liquidités. En novembre, la Banque populaire de Chine a octroyé un plus grand nombre de nouveaux prêts que jamais via sa facilité de prêt à moyen terme, pour une durée d’un an. De plus, les banques sont tenues de soutenir les promoteurs immobiliers en difficulté au moyen de prêts non garantis. C’est également la cause de la dernière baisse des marchés boursiers chinois, alors que le reste du monde établit de nouveaux records. Le problème est en partie déplacé des constructeurs immobiliers, qui ont déjà vu leur valeur de marché fondre, vers les banques, confrontées au même scénario.

Il est visiblement de plus en plus probable que la Chine fasse ce qu’elle a toujours fait en cas de problèmes (d’endettement) : augmenter massivement les liquidités pour diluer les problèmes et les reporter. Par le passé, une telle hausse des liquidités s’est souvent accompagnée d’un boom sur les marchés boursiers, et cela pourrait bien se reproduire en 2024.

Mais ne croyez pas que les « économies développées » soient beaucoup mieux loties, car le même stratagème y est de plus en plus utilisé. Seule la dette peut encore créer de la croissance. C’est pourquoi Moody’s a également abaissé sa perspective sur la notation des États-Unis. Je pense que cela aura des conséquences majeures pour le rôle des obligations d’État dans un portefeuille multi-actifs, mais nous en reparlerons plus tard. Si je devais choisir entre une hausse ou une baisse de 20 % des actions chinoises, j’opterais pour la première option.

Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque lundi (ou le lendemain s’il s’agit d’un jour férié) sur Investment Officer.
 

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