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Face à un isolement croissant imposé par les États-Unis et leurs alliés, la Chine mobilise l’ensemble du pays pour réaliser des avancées technologiques indispensables. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres qui illustre que la démondialisation, du moins au niveau politique, est devenue une réalité.

Cette annonce retentissante de la Chine fait suite à une période durant laquelle le gouvernement central a considérablement renforcé son contrôle sur les secteurs liés à la technologie, au détriment des droits et de la sécurité des investisseurs dans les actions chinoises, qui figurent parmi les moins performantes au monde.

Semi-conducteurs

Alors que l’essor de l’intelligence artificielle ne fait que commencer, la Chine se trouve privée d’accès aux semi-conducteurs les plus avancés de fabricants tels qu’ASML et Nvidia. L’industrie des semi-conducteurs constitue l’exemple le plus éloquent de la manière dont la bataille autour de la propriété intellectuelle mène à la démondialisation. Cependant, cette lutte se déroule également sur de nombreux autres fronts, tels que l’énergie et les matières premières, par exemple.

Pertes

La politique des États-Unis, avec l’Europe dans leur sillage, entraîne des répercussions néfastes de part et d’autre. ASML s’attend à ce que les restrictions à l’exportation réduisent de 10 à 15 % la demande chinoise en systèmes lithographiques. Chez Apple, la chute de 24 % des ventes d’iPhone en Chine durant les six premières semaines de 2024 illustre aussi que les conséquences peuvent être significatives si la Chine réagit. En 2023, Apple avait généré 20 % de ses ventes dans la ‘Grande Chine’. 

En Europe également, les plus grandes entreprises sont fortement tributaires du marché chinois. BMW et Mercedes réalisent respectivement 33 % et 37 % de leur chiffre d’affaires en Chine, et Rio Tinto même plus de la moitié du sien.

Pression sur les prix

Afin de permettre à la Chine de rattraper son retard technologique, les autorités de Pékin augmentent les dépenses de R&D de 10 % en 2024. Cela signifie que la démondialisation entraîne directement une hausse des prix. Il est évident que des entreprises comme ASML, Apple et BMW réagiront lorsque leur chiffre d’affaires en Chine sera sous pression.

Au niveau macroéconomique, la fragmentation des chaînes d’approvisionnement mondiales en chaînes locales, qu’elle soit due ou non à des interventions politiques, entraînera à mon avis une hausse des prix, simplement parce que ces chaînes sont moins efficaces. Et ce, sans même parler des guerres commerciales qui pourraient s’ensuivre, par exemple en annonçant préventivement des droits de douane de 60 % sur les importations de produits chinois.

Avec l’abandon de l’objectif d’inflation de 2 % par les banques centrales (une inflation plus élevée est nécessaire pour éviter l’aggravation de la dette), la démondialisation est l’une des raisons pour lesquelles on peut s’attendre sur le long terme à une inflation plus élevée que celle observée au cours des 20 dernières années environ. Une inflation de 3 % au lieu de 2 % simplifie quelque peu la tâche des banques centrales. Il me semble clairement nécessaire d’ajuster son portefeuille en conséquence.

Jeroen Blokland est le fondateur et gérant du Blokland Smart Multi-Asset Fund et de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque lundi sur Investment Officer.

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