Alors que les marchés boursiers européens ont déjà pris une avance considérable en partant du principe que l’Europe évite une récession, les dernières données macroéconomiques annoncent une stagflation.
L’économie de la zone euro a connu une croissance dérisoire de 0,1 % au dernier trimestre. Et si vous soustrayez la croissance fulgurante du paradis fiscal qu’est l’Irlande, l’économie de la zone euro s’est contractée. L’Allemagne a fait encore un peu moins bien et a «surpris» avec une croissance du PIB de -0,2 %.
Et ce, avant la publication des ventes au détail, qui ont connu une chute vertigineuse de 5,3 % en décembre. La plus forte baisse des ventes depuis juillet 2021. Cela signifie qu’une autre révision à la baisse importante du taux de croissance du PIB de 0,2 % est probablement en cours.
L’indice PMI manufacturier de la zone euro a atteint 48,8 en janvier. Légèrement meilleur que prévu, mais toujours en dessous de la limite magique de 50. D’ailleurs, le PMI manufacturier y est resté pendant sept mois consécutifs. Si l’on ajoute à cela la chute extrême et, pour beaucoup, inattendue des prix de l’énergie, il y a de fortes chances pour que nous restions sous la barre des 50 pendant un certain temps encore.
Par ailleurs, l’autre jambe de la stagflation, l’inflation, diminue plus lentement. Après les nombreuses histoires fantaisistes sur les raisons pour lesquelles les chiffres de l’inflation espagnole - l’inflation de base en particulier a continué à être vigoureuse, passant à un taux problématique de 7,5 % en janvier - j’ai moi-même examiné ces données de plus près. Mon verdict est sans équivoque, les chiffres de l’inflation espagnole indiquent une pression continue sur les prix. Pour les passionnés, vous pouvez lire cette analyse ici.
Les chiffres de l’inflation dans la zone euro ne donnent pas non plus beaucoup de raisons de se réjouir. Il est vrai que l’inflation totale a diminué plus fortement que prévu en raison, une fois de plus, de la forte baisse des prix de l’énergie, mais l’inflation de base n’a pas diminué. Il semble y avoir peu de raisons, si ce n’est l’hypothèse d’une récession, pour que Lagarde et la BCE changent de cap.
Cela signifie que la zone euro se trouve dans une phase de refroidissement et de croissance déjà négative ici et là, d’inflation «collante» à des niveaux encore bien trop élevés, et d’une banque centrale qui continue à augmenter les taux d’intérêt à 0,50 pour cent pour le moment. Heureusement, après le dernier rallye, tout cela se reflète déjà dans le prix des actions. Et aussi dans les attentes des analystes. Les attentes en matière de bénéfices par action ont diminué d’exactement 2 points de pourcentage au cours des dernières semaines. Si vous détectez un quelconque cynisme, vous n’avez pas tort.
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes pour construire des portefeuilles multi-actifs diversifiés. M. Blokland était jusqu’à présent responsable des actifs multiples chez Robeco. Son graphique de la semaine paraît chaque jeudi sur Investment Officer.