Jeroen Blokland, Robeco
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La Réserve fédérale n’a pas relevé ses taux d’intérêt en juin. Toutefois, en prévoyant deux autres hausses de taux pour cette année dans le nouveau Dot Plot, cette décision devrait être considérée comme l’abandon (unique) d’une autre hausse des taux d’intérêt. Il ne s’agit donc même pas d’une pause si l’on en croit Powell lors de sa dernière conférence de presse.

D’ailleurs, la dernière décision sur les taux d’intérêt soulève des questions. Si l’on s’attend non pas à une, mais à deux autres hausses des taux d’intérêt, alors qu’il ne reste que quatre réunions du FOMC et six semaines avant la prochaine, en juillet, on peut se demander pourquoi ils n’ont rien fait en juin. Comme si les membres du FOMC allaient regarder six semaines après une absence d’action pour voir si quelque chose s’est soudainement cassé. D’ailleurs, même dans ce cycle de resserrement, quelque chose s’est déjà brisé : les banques régionales américaines.

Outre la motivation incertaine de la Fed, il y a une autre implication importante liée à l’investissement qui découle de l’absence d’action. En effet, si la Fed devait effectivement relever les taux d’intérêt une nouvelle fois, le tableau ci-dessous pourrait être mis de côté pour l’instant. Le tableau montre les rendements de l’indice S&P 500 entre 1 mois et 12 mois après la dernière hausse des taux d’intérêt dans tous les principaux cycles de resserrement depuis 1970.

Grafiek

En bas du tableau figurent les rendements moyens et médians depuis 1970 et à partir de 1984. Ce dernier point de départ exclut la période volatile entre 1973 et 1983, au cours de laquelle Voelcker, alors patron de la Fed, a dû mettre les bouchées doubles, entraînant une forte volatilité des taux d’intérêt, pour ramener l’inflation dans les clous. Soit dit en passant, cela n’a pas beaucoup d’importance pour les résultats, puisque ceux-ci sont bien meilleurs depuis 1984. Les actions se sont de toute façon bien comportées après que la Fed a cessé de relever les taux d’intérêt.

Flash forward jusqu’à aujourd’hui. Les investisseurs refusent systématiquement de croire Powell. À maintes reprises, ils s’attendent à ce que les taux d’intérêt ne soient plus relevés, ou à ce qu’ils soient ramenés à la baisse assez rapidement. Et compte tenu de la récente remontée des cours, il n’est pas si étonnant de supposer que les investisseurs se sont précipités sur la «table» à venir. En tout cas, cela correspondrait à leurs attentes toujours trop favorables à l’égard de la politique de la Fed. 

Toutefois, pour les permaboles d’entre nous, le verre de la Fed est évidemment à moitié plein. Ceux-là diront qu’il nous reste encore un bon bout de chemin à parcourir, À CONDITION que la Fed n’ait pas encore atteint la fin de son cycle. On peut évidemment prendre deux directions avec cette histoire. Je suis plutôt sur la première voie, à savoir que les investisseurs sont trop désireux de croire que la fin est proche et qu’ils ne s’attendent pas à ce qu’il y ait une rupture. Mais un taux d’intérêt supérieur à 5 % est tout simplement très, très élevé !

Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes pour construire des portefeuilles multi-actifs diversifiés. M. Blokland était jusqu’à présent responsable de la gestion multi-actifs chez Robeco. Son graphique de la semaine paraît tous les jeudis sur Investment Officer.

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