Powell ouvre la porte à un relèvement des taux de 50 points de base, les taux d’intérêt s’envolent et les actions s’effondrent. Pourtant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’indice VIX est inférieur à 20, ce qui soulève la question de savoir si les actions ne sont pas un brin ‘complacent’, ou complaisantes.
Volatilité réalisée
Vous avez probablement déjà compris au ton que j’emploie quelle sera ma réponse. Pourtant, il y a une bonne raison expliquant pourquoi l’implied volatility (volatilité implicite) semble relativement faible.
Tout d’abord, la volatilité réalisée a fortement baissé. Comme le montre le graphique ci-dessous, la volatilité réalisée basée sur les quatorze derniers jours est inférieure à 15. La dernière fois que cela s’est produit, c’était avant le début du marché baissier de 2022. En règle générale, la volatilité attendue et la volatilité réalisée évoluent dans une fourchette assez étroite.
Chiffres des bénéfices et données macroéconomiques meilleurs que prévu
La baisse de la volatilité réalisée peut s’expliquer par deux évolutions. Premièrement, la plupart des données macroéconomiques ont été meilleures que prévu au cours des dernières semaines, ce qui se traduit par une hausse des Citi Economic Surprise Indices. Vous trouverez ci-dessous les indices pour la zone euro et les États-Unis.
Jusqu’à présent, la reprise de 2023 coïncide parfaitement avec l’amélioration du momentum économique. Pour de nombreux investisseurs, cela signifie que le scénario d’un atterrissage brutal peut être écarté. Pour ma part, je suis plutôt partisan du scénario ‘reporter ne signifie pas annuler’.
La deuxième raison est la saison des bénéfices. Il est vrai que les bénéfices des entreprises ont diminué au quatrième trimestre de l’année dernière par rapport aux trois mois précédents, mais il n’y a pas eu d’effondrement. En outre, les chiffres d’affaires ont continué à augmenter régulièrement, ce qui suggère que la forte inflation provoque une pression sur les bénéfices, mais pas encore une baisse des chiffres d’affaires. La quasi-totalité des 500 entreprises de l’indice S&P 500 ayant maintenant publié leurs chiffres, le marché boursier a une nouvelle fois traversé ce trimestre sans encombre, avec pour conséquence une baisse de la volatilité.
Alors, pas de quoi s’inquiéter ?
Bien sûr que si ! Les revers incessants et l’attente de nouveaux relèvements des taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale ont conduit à une nouvelle cassure de l’indice MOVE. La volatilité implicite des marchés obligataires augmente rapidement. Bien entendu, l’inflation tenace et la hausse des taux d’intérêt affectent également les marchés actions. Pour un bon exemple, je vous renvoie à ma chronique de la semaine dernière : Les actions sont-elles trop chères ?
Le graphique ci-dessus montre que la divergence entre l’indice VIX et l’indice MOVE s’accentue à nouveau. À moins de considérer que c’est principalement dû au fait que la volatilité des marchés obligataires est surestimée, cela représente un risque pour les actions, notamment parce qu’elles sont trop chères par rapport aux taux d’intérêt (à court terme). En outre, même par rapport à la volatilité des marchés des devises, les actions semblent un brin ‘complaisantes’. Dans un portefeuille multi-actifs bien diversifié, je reste prudent à l’égard des actions.
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Blokland était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque jeudi sur Investment Officer.