La Chine souhaite quelque chose qui, en réalité, n’est pas possible, à savoir stimuler encore davantage l’économie pour sortir de cette interminable crise immobilière sans conséquences indésirables, telles qu’un affaiblissement de la monnaie. Quel que soit le résultat, il est fort probable que la Chine continue obstinément à vendre des obligations ET des actions américaines.
Nombreux déficits
La Chine prévoit d’injecter mille milliards de yuans supplémentaires dans son économie, alors que des signes quasi quotidiens montrent que la fin de la crise immobilière n’est pas en vue. En effet, les problèmes s’étendent à d’autres secteurs tels que les banques, la construction et le commerce de détail.
Par conséquent, le déficit budgétaire du gouvernement central atteint 3,8 % du PIB, ce qui est supérieur à l’objectif globalement considéré comme acceptable, soit moins de 3,0 %. Mais ce n’est pas tout. Avec l’effondrement de leur principal modèle de revenus, à savoir la vente de terrains pour la construction de logements, les autorités locales empruntent massivement pour joindre les deux bouts. Si l’on inclut les autorités locales chinoises, le déficit budgétaire dépasse largement les 7 %, ce qui place la Chine au-dessus des États-Unis et de la zone euro en termes d’endettement.
Visite historique
Et cela ne s’arrêtera probablement pas là. Récemment, le président Xi Jinping a effectué sa première visite officielle à la PBoC (Banque populaire de Chine). Il semble évident que cette visite historique à la banque centrale n’était pas une simple réunion informelle autour d’une tasse de thé. Il est probable que la pression se soit considérablement accrue pour abaisser encore davantage les taux d’intérêt et/ou réduire le taux de réserves obligatoires que les banques doivent détenir.
Grand écart
Le fait que Xi Jinping ait décidé de porter lui-même le message n’est pas un hasard. La PBoC ne semble pas désireuse de procéder à un nouvel assouplissement monétaire, car elle s’est engagée à défendre le yuan chinois, qui a chuté de près de 10 % depuis la mi-janvier de cette année.
Ces dernières semaines, la PBoC a fixé le taux de référence du yuan à un niveau nettement plus élevé que le taux de change actuel du marché, afin de signifier clairement qu’avec un taux de change USD-CNY de 7,30, la limite est atteinte. De plus, elle a également rendu la vente à découvert du yuan beaucoup plus coûteuse, et donc moins attrayante.
Ventes massives
Néanmoins, un nouvel assouplissement monétaire - également pour renforcer la relance budgétaire - pourrait se profiler à l’horizon. Suivre les instructions du grand patron est toujours une bonne idée pour faire carrière. Cependant, cela signifie également que la banque centrale devra redoubler d’efforts pour empêcher le yuan de passer définitivement en dessous de la barre des 7,30.
Et donc, que la PBoC doit continuer à vendre des dollars américains pour soutenir le yuan.
Le graphique ci-dessus montre les achats nets de bons du Trésor et d’actions américaines par la Chine. Comme on le voit clairement, la Chine est principalement en train de vendre. Ces ventes sont régulièrement utilisées pour justifier les tensions politiques entre les États-Unis et la Chine et la démondialisation. Bien que je sois convaincu de l’existence de ces tensions, il y a aussi une raison économique simple pour justifier ces ventes. De plus, il est frappant de constater que pratiquement tout le monde parle des ventes de bons du Trésor, alors que le graphique indique que c’est surtout l’ampleur des ventes d’actions qui saute aux yeux.
Enfin, je peux évidemment me tromper et la Chine pourrait décider de ne pas protéger davantage le yuan contre la dépréciation - les actions récentes de la Banque du Japon pouvaient également être qualifiées d’inhabituelles -, mais je dois souligner que dans ce cas, une baisse du yuan serait préjudiciable aux actions au niveau mondial.
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque lundi sur Investment Officer.