Si, tout comme moi, vous êtes régulièrement sur X ou LinkedIn, vous avez lu ces publications tapageuses avec des textes comme ‘If you are not using AI, you are left behind’ ou ‘My boss thinks I’m an AI genius, but I’m not it’s because’ suivis d’un Substack ou d’un site web. C’est ce qu’on appelle de la publicité pas chère. Mais il est fort probable que les personnes à l’origine de ces posts surestiment l’élan de productivité généré par l’intelligence artificielle.
Les poussées de productivité sont temporaires
Avant que mes propos soient mal interprétés : je crois absolument en la valeur ajoutée de l’intelligence artificielle. J’ai plusieurs abonnements, notamment ChatGPT Plus, et ils m’aident à travailler plus vite et plus efficacement. Mais c’est autre chose de s’imaginer que la croissance du PIB va augmenter de plusieurs points au cours des prochaines décennies grâce à l’intégration de l’IA.
La courbe ci-dessous est celle de la croissance de la productivité du travail – le volume produit par une unité de travail – américaine depuis 1950. J’utilise une moyenne glissante sur trois ans afin de lisser l’inconstance des données trimestrielles.
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Une croissance négative
Que remarque-t-on tout de suite ? Une baisse de la productivité du travail aux États-Unis ces trois dernières années ! Or, si l’IA contribuait à une augmentation de la productivité, la courbe devrait grimper en flèche.
Quelque chose de comparable s’est produit entre 1996 et 2000, lorsque la croissance de la productivité « promise » par l’essor d’Internet devait, là encore, atteindre des sommets. Pourtant, bien que cette croissance – qui était donc d’un faible niveau – ait alors été, quelques années durant, supérieure à la moyenne, ce phénomène n’a rien eu de structurel.
L’IA, un remède universel ?
La croissance de la productivité évolue en longues vagues et, si l’on dessine une courbe étalon à travers ces vagues, cette courbe sera descendante. Historiquement, on a donc peu de raisons d’attendre une augmentation structurelle de la croissance de la productivité sur la base des récentes avancées technologiques.
La question de la dette
Ceci m’amène à un autre de mes chevaux de bataille : la dette. La façon la plus efficace de réduire les taux d’endettement, vertigineux dans plus en plus de cas, consiste soit à faire des économies drastiques (ou augmenter les impôts), soit à générer une croissance très forte. Mais avec une population vieillissante et une augmentation de la productivité historiquement faible, cette dernière option semble difficile à réaliser. Du reste, je ne crois guère plus en la première.
Il faut donc trouver d’autres manières d’essayer de faire en sorte que la dette reste viable. Pourquoi pas des taux d’intérêt réduits et une inflation plus forte ? Mais c’est une autre histoire…
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque lundi sur Investment Officer.