Thomas Herbert (gestionnaire du fonds Ethna-AKTIV) estime qu’il faut d’ores et déjà préparer les portefeuilles à un contexte économique qui pourrait s’avérer moins porteur en 2019. Il a donc réduit son exposition sur les marchés boursiers et sur la dette d’entreprise durant les dernières semaines.
Ethna-AKTIV a été un des fonds mixtes flexibles les plus populaires suite à la crise de 2008, notamment en raison de sa capacité à protéger le capital des investisseurs. Depuis quelques années, il a toutefois réalisé des performances moins attirantes, avec pour conséquence des investisseurs qui sont sortis massivement du produit durant les deux dernières années. Les actifs sous gestion ont fondu de près de 12 milliards d’euros à la fin 2015 pour se stabiliser autour de 6 milliards d’euros depuis la mi-2017.
Cette stabilisation a coïncidé avec l’arrivée de Thomas Herbert dans l’équipe de gestion d’Ethenea, un vétéran de la gestion obligataire passé notamment par le Crédit Agricole et par ADIA, un des plus grands fonds souverains au monde. « Les actifs sous gestion du groupe avaient évolué plus rapidement que la structure, de sorte que tous le monde faisait un peu de tout. Nous avons désormais une séparation claire de qui est responsable sur chacun de nos trois produits ».
Volatilité
Pour autant, il ne compte pas modifier fondamentalement la philosophie d’investissement d’Ethna-AKTIV, qui vise essentiellement à dégager annuellement une performance positive avec une volatilité faible, et surtout de se protéger le plus efficacement contre les phases de volatilité extrême. « Il s’agit d’un fonds flexible très prudent, sur lequel le premier objectif est de ne pas perdre d’argent. Tous les gestionnaires sont d’ailleurs investis à titre personnel dans leurs fonds ». Afin de prendre une exposition rapide sur un pays ou sur un thème d’investissement, les gestionnaires utiliseront des futures afin de limiter les frais de transaction.
Pour les prochains mois, Thomas Herbert estime que le contexte devrait rester favorable. « Même si les guerres tarifaires entrainent un ralentissement de la croissance globale de 0,5%, les principales économies mondiales continueront d’avoir des perspectives positives pour les prochains mois ». A moyen terme, ces guerres tarifaires risquent toutefois d’augmenter l’inflation aux Etats-Unis, et soutenir un agenda de normalisation de la politique monétaire qui devrait amener le taux directeur de la Réserve Fédérale vers 3% dans le courant de l’année prochaine.
Protection
« L’inflation est le principal risque contre lequel nous nous préparons pour les prochains mois, car les marchés pourraient ajuster très rapidement leurs attentes s’ils intègrent de nouvelles hypothèses sur l’évolution future de l’inflation américaine ». Thomas Herbert n’exclut par non plus l’arrivée d’un cycle économique plus difficile à partir de la seconde moitié de l’année prochaine, voire même d’une récession. « Il est prématuré de parler d’un risque de récession en 2018, mais il existe bel et bien pour 2019. Afin de se préparer contre ces risques, nous avons déjà adapté notre positionnement, en diminuant sensiblement notre exposition sur les marchés boursiers, et en sortant des émissions les moins bien notées dans la dette d’entreprise ».