Isabelle Verhulst
Isabelle Verhulst

Isabelle Verhulst est une des leading ladies de la division banque privée de la grande banque Belfius. Pourquoi a-t-elle quitté la profession d’avocate ? Pourquoi s’est-elle heurtée à un manque de compréhension lorsqu’elle a commencé à travailler chez Belfius ? Et quel prix personnel a-t-elle payé pour son ambition ?

Isabelle Verhulst est juriste de formation. Elle est titulaire d’un master en fiscalité de la Vlerick Business School et intervient régulièrement en tant qu’experte sur l’accumulation et la planification de la richesse, notamment dans Het Laatste Nieuws. Elle est par ailleurs membre du conseil d’administration de la Private Banking Association. Ces dernières années, elle a dirigé Wealth Analysis & Planning chez Belfius. Aujourd’hui, elle occupe un nouveau poste : directrice Integrated Wealth Solutions chez Belfius Private Bank. « Mon département rassemble tous les experts qui fournissent des solutions intégrées aux clients de la banque privée. »

Avocate

Mme Verhulst n’a pas suivi un parcours classique dans le secteur financier, puisqu’elle a commencé sa carrière comme avocate. « J’ai tout d’abord travaillé au barreau, après avoir obtenu une licence en droit et un master à la Vlerick Business School. J’ai toujours rêvé de travailler dans un grand cabinet à Bruxelles. J’ai délibérément choisi cette voie parce que je savais qu’on y traitait les dossiers les plus complexes et les plus difficiles. C’est un environnement de travail strict, mais on y apprend vraiment le métier après ses années d’étudiant. L’environnement d’apprentissage est exceptionnel et cela a été formateur pour moi. J’y ai travaillé dur et on m’a confié des dossiers techniques extrêmement intéressants et complexes, toujours liés à la planification patrimoniale. »

Après une dizaine d’années, elle a décidé de prendre une autre direction. « J’ai commencé à me sentir un peu limitée par cette approche purement juridique et fiscale. C’est pourquoi j’ai finalement opté pour la finance. »

Intuition

Isabelle Verhulst a commencé à travailler chez Belfius en 2012. « C’était une période difficile. À cette époque, on avait presque honte de travailler pour la banque. » Beaucoup de gens autour d’elle ne comprenaient pas pourquoi elle quittait un cabinet d’avocats renommé pour rejoindre une institution financière en difficulté. 

« Ils se demandaient pourquoi j’avais basculé dans ce monde, dans un moment aussi compliqué. Mais j’ai pour habitude de suivre mon intuition et de mon ressenti. J’avais alors la conviction que ce projet allait aboutir. Nous avons fini par traverser la tempête, comme je l’avais pressenti. Mon intuition était bonne. C’est vrai, je suis aussi incroyablement têtue. Lorsque j’ai quelque chose en tête, je fonce. Même si mon entourage ne comprend pas toujours la direction exacte que je veux prendre, je suis mon chemin. Je finis toujours par y arriver. »

Vulnérabilité

L’obstination a toujours été présente, mais en quoi a-t-elle le plus changé au cours de sa carrière ? « J’ai dû apprendre à montrer ma vulnérabilité. Au début de ma carrière, je pensais qu’en tant que dirigeante, vous ne deviez laisser apparaître aucune faiblesse. Que vous deviez montrer que vous pouviez faire face à n’importe quelle situation. Et qu’en cas de difficulté, il fallait simplement se relever et continuer. Mais personne n’est parfait. Vous paraissez beaucoup plus fort lorsque vous montrez votre vulnérabilité. Si vous gardez toujours ce masque d’invulnérabilité, vous n’êtes pas crédible. »

C’est une leçon qu’elle a apprise à ses dépens. « La vulnérabilité est souvent considérée comme une faiblesse, alors qu’elle est en réalité une force. À un moment donné, je me suis sentie dépassée. C’était trop : dans la sphère privée, professionnelle, tout se multipliait au même moment. Les choses ne se passaient pas comme je le voulais. Je me heurtais à mes limites. Puis j’ai osé l’admettre, y compris à l’équipe. Je n’ai pas lâché l’affaire, mais j’ai senti la force du personnel. Ils ont compris que je traversais une période difficile et m’ont fait comprendre que je pouvais compter sur eux. Ils m’ont préparé comme un matelas sur lequel je pouvais retomber, en cas de besoin. On n’en est pas arrivés là, mais cette prise de conscience a été cruciale. Vous pouvez continuer à prétendre que tout va bien et garder votre masque. Mais je me suis rendu compte que cela n’aurait pas été une bonne chose. »

Ambition

Mme Verhulst n’a jamais manqué d’ambition. Mais elle en a aussi payé le prix. « Comme jeune louve, je travaillais très dur sur ma carrière et mon ambition. À l’époque, fonder une famille n’était pas ma priorité. Je voulais d’abord réussir. Je me disais : quand je serai prête, je pourrai fonder cette famille que je désirais tant. Mais le moment venu, ma vie privée a pris un tournant très différent de ce que j’avais imaginé ou espéré. J’ai donc dû faire une croix sur ce souhait. C’est dommage. Depuis, j’ai pu mettre les choses en perspective. Dans la vie, il y a toujours des avantages et des inconvénients à tout. J’essaie d’en tirer le meilleur parti. »

Écoutez l’intégralité du podcast Le Miroir avec Isabelle Verhulst pour découvrir :

  • Ce qui rend les clients de la banque privée si particuliers
  • Pourquoi les femmes sont plus nombreuses à la tête des banques privées que dans le reste du secteur
  • Les évolutions dans la banque privée qui l’empêchent de dormir
  • Si elle se considère comme un modèle
  • Qui a été son mentor chez Belfius
  • Si elle est accro au travail
  • Les conseils qu’elle donne aux jeunes femmes
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