Les négociations sur le Brexit et le budget italien, les élections de mi-mandat aux États-Unis, et les défis qui frappent certaines économies émergentes risquent de plonger les marchés dans la tourmente à l’automne, de l’avis de Jan Van Hove, économiste en chef à la KBC.
À l’occasion d’une tribune, Jan Van Hove a affirmé que si chaque événement pris isolément est autant une source de risque que d’opportunité, ensemble ils forment un cocktail explosif.
Les conséquences de QE
Dix ans après la crise financière, la tension monte au sein de l’économie mondiale. Selon l’économiste en chef, cette tension repose en partie sur un mécanisme émotionnel, mais certains événements soulèvent malgré tout des questions.
Selon Jan Van Hove, la nervosité gagne les investisseurs à présent que la crise se dénoue aussi sur le plan politique du fait de la suppression progressive de la politique monétaire de la BCE. Le Quantitative Easing a généré des liquidités colossales sur les marchés mondiaux et a attisé le comportement à risque des investisseurs, poursuit l’économiste.
Jan Van Hove n’exclut pas le risque que les taux d’intérêt à long terme augmentent plus vite que prévu. D’après lui, le taux d’intérêt à long terme allemand fait en ce moment l’objet d’une retenue à cause des préoccupations en Italie. Par ailleurs, la cohésion au sein de l’UE est mise sous pression en raison des tensions entre les pays d’Europe de l’Est et de l’Ouest.
Parallèlement, l’économiste estime qu’on perd un temps précieux pour les négociations sur le Brexit. Sous la pression des entreprises, il s’attend à une sortie houleuse de la Grande Bretagne. Même si la division qui règne sur le contenu rend la situation encore très incertaine.
America first
Selon Jan Van Hove, le risque d’escalade du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine est faible. À terme, les conséquences vont se traduire par une croissance plus lente, une productivité plus faible et une dynamique d’investissement et commerciale difficilement prédictible.
Toujours selon l’économiste, il en faut peu pour que l’armistice commercial armé entre l’Europe et les États-Unis ne vole en éclats. Dans un contexte d’élections de mi-mandat pour élire le Congrès et le Sénat aux États-Unis, le président Trump essaime à tout vent ses positions inflexibles. L’accord ALENA impopulaire est tombé aux oubliettes, et l’attente risque d’être longue pour accoucher d’un nouvel accord de libre-échange.
L’effet domino sur les marchés émergents
Dans l’intervalle, la tempête houleuse a déjà touché plusieurs marchés émergents. D’après l’économiste, la situation n’est pas surprenante pour la Turquie et l’Argentine en raison de leur politique économique peu orthodoxe, incompatible avec des taux d’intérêt à la hausse et un dollar américain plus fort. Jan Van Hove estime que d’autres victimes suivront, ce qui est préoccupant.
Il n’est pas défavorable à un scénario de volatilité temporaire pour rafraîchir les esprits et rappeler qu’à long terme, les réalités économiques restent en vigueur. Des stimulants économiques excessifs, des liquidités immodérées ou une soif de risque sans bornes ne sont pas des modèles durables, conclut l’économiste. ‘Tôt ou tard, il y a toujours un revers à la médaille.’