Les obligations sont et demeurent une composante importante d’un portefeuille d’investissement. Leur effet décorrélant sur les actifs risqués reste intact. Ne l’oubliez donc pas lorsque vous augmentez le risque dans le volet obligataire, explique Tom Mermuys, responsable de la stratégie d’investissement chez KBC.
Au début de son entretien exclusif avec Investment Officer, Mermuys souligne que chez KBC, le mandat équilibré neutre est depuis quelque temps déjà de 55/45. « Structurellement, nous avons en effet 5 % d’obligations en moins et 5 % d’actions en plus, la conséquence des taux d’intérêt extrêmement bas. Le rendement doit donc provenir des actions. »
Économie
En ce qui concerne l’économie, Mermuys n’est pas réellement négatif. Même si la croissance ralentit et continuera sur cette voie pendant un certain temps encore, on ne s’attend pas directement à une récession ou un effondrement. « Le facteur le plus important est que l’économie américaine va continuer de ralentir. Les effets de la réduction d’impôts de Trump de l’an dernier s’estompent. L’économie est saine en soi, mais en fin de cycle. Les incertitudes actuelles sont en grande partie dues au conflit commercial avec la Chine, tandis qu’en Europe, il faut encore ajouter l’interminable Brexit. En particulier, nous constatons un ralentissement marqué dans le secteur manufacturier. Le secteur des services et les consommateurs s’en tirent beaucoup mieux, et tiennent bon. Nous ne nous attendons donc pas à une récession. »
Actions
KBC est actuellement légèrement sous-pondérée en actions et fortement sous-pondérée en obligations. « Nous avons aussi encore un peu de liquidités en réserve, que nous gardons pour investir en actions. La légère sous-pondération des actions est due au ralentissement de l’économie et à la forte croissance du marché au cours des quatre premiers mois de l’année après la correction excessive de la fin 2018. »
Selon Mermuys, les marchés ont réagi avec un peu trop d’enthousiasme aux promesses des banques centrales de maintenir les taux d’intérêt à un bas niveau. « On s’attend déjà à 3, voire 4 baisses des taux d’intérêt, ce qui est quelque peu exagéré. Les attentes sont trop élevées. Les bénéfices des entreprises sont moins bons que l’an dernier et le marché peut corriger. Nous achetons ‘on the dips’ et attendons un meilleur moment d’entrée. »
Amérique en tête
« Sur le plan régional, nous sommes plus enclins à investir aux États-Unis parce que l’économie américaine est tout de même plus performante et offre davantage de sécurité quant aux chiffres de croissance et aux bénéfices des entreprises. S’il y avait une reprise économique en Europe, nous opterions également pour cette région. Nous sommes également prudents à l’égard des marchés émergents, car des pays comme la Chine demeurent vulnérables à une guerre commerciale. »
Obligations
Enfin, Mermuys affirme que les obligations méritent encore certainement une place dans un portefeuille d’investissement. « Elles remplissaient autrefois deux fonctions : rendement et tampon. Aujourd’hui, seul cet effet décorrélant subsiste. Le moteur de rendement a disparu, mais le tampon est toujours là. Nous constatons que le risque dans le volet obligations s’accroît avec l’achat de titres à haut rendement, EMD, etc. Chez KBC, nous n’investissons que dans une mesure limitée dans des fonds mixtes, car la composante obligataire se comporte alors comme un portefeuille d’actions. Nous investissons principalement dans des obligations de la zone euro, des obligations d’entreprises notées BBB ou juste au-dessus, et des devises à haut rendement, une sélection diversifiée de devises offrant un rendement légèrement supérieur. À cet égard, il s’agit majoritairement de devises des marchés émergents, complétées par des devises de pays développés tels que l’USD, le zloty, le peso mexicain, etc. »