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« Changement de donne », « rupture majeure », « journée historique ». Les consultants bancaires n’hésitent pas à employer les grands mots après que la KBC a confirmé qu’elle allait permettre l’échange de bitcoins et d’éther par l’intermédiaire de sa plateforme d’investissement Bolero.

« C’est plus qu’une fonctionnalité. Il s’agit d’une déclaration », a affirmé Karim Belaidi, consultant en technologie pour le secteur bancaire chez SAS Benelux. « Nous sommes dans une phase d’accélération. Les dominos vont tomber les uns après les autres. Ce qui semblait impensable il y a quelques années devient aujourd’hui une réalité. »

« Le système bancaire traditionnel tel que nous le connaissons va changer fondamentalement, poursuit-il. Les néo-banques prenaient des décisions rapides. Il est maintenant temps que les banques traditionnelles suivent. La Belgique est à l’avant-garde de ce changement. »

KBC a confirmé au journal économique De Tijd mercredi que les clients de sa plateforme d’échange Bolero pourront investir dans les cryptomonnaies bitcoin et éther à partir de cet automne. La banque espère recevoir l’accréditation du régulateur FSMA en tant que fournisseur de services de cryptoactifs d’ici l’automne.

Pression des clients

KBC laisse entendre que le passage aux cryptomonnaies se fait parce que les clients le demandent. La banque souhaite s’imposer comme un dépositaire sécurisé de cryptomonnaies grâce à son propre système de blockchain, afin que les investisseurs en cryptomonnaies n’aient plus à se tourner vers les plateformes de cryptomonnaies.

« Jusqu’à présent, les clients belges s’appuyaient principalement sur des plateformes telles que Coinbase et Bitpanda ou des néo-banques telles que N26, Revolut et Trade Republic pour l’échange de cryptomonnaies », écrit Dave Remue, consultant chez KPMG, dans une première réponse.

« Il est intéressant de noter qu’une récente enquête de la FSMA a montré que plus de 40 % des Belges âgés de 20 à 40 ans possèdent déjà des cryptomonnaies. Avec l’adoption prochaine du règlement européen sur les marchés de crypto-actifs (Markets in crypto-assets regulation ou Mica), qui devrait fournir un cadre plus clair pour les cryptomonnaies, nous pourrions voir davantage de banques traditionnelles en Europe opter pour les actifs numériques ».

Selon des initiés, la demande initiale ne provenait pas de clients particuliers, mais de clients de la banque de patrimoine et de la banque privée au sein de KBC qui souhaitaient investir dans des cryptoactifs. « Les néo-banques comme Revolut offrent également des services de banque privée, de sorte que KBC ne peut pas se permettre d’ignorer la dynamique du marché », a déclaré Karim Belaidi.

« Pas adapté à tous les clients »

« Il s’agit d’une innovation, pas la plus facile, mais une innovation réfléchie », écrit Karin van Hoecke, responsable de la transformation chez KBC, dans un commentaire sur Linkedin. « Les cryptomonnaies restent volatiles et controversées, tant sur le plan social que réglementaire. Les banques se positionnent prudemment, en tenant compte de la demande des clients et du risque. Le véritable défi ne réside pas dans la technologie, mais dans sa mise à disposition de manière responsable, en respectant les impératifs de transparence, sécurité et éducation. Ces actifs ne sont pas destinés à tout le monde. »

Avec cette démarche, KBC est en tout cas la première des quatre grandes banques belges à annoncer des plans concrets en matière de cryptoactifs destinés aux investisseurs privés. « Le fait qu’une institution aussi réputée que la KBC se lance dans l’aventure est une rupture majeure », affirment les consultants bancaires.

Belfius révèle qu’elle étudie la manière dont elle peut tirer parti de la tendance crypto par le biais de sa plateforme Rebel. ING Belgique indique qu’elle étudie le dossier « très attentivement ». BNP Paribas Fortis n’a aucun projet à ce sujet.

Plateforme de conservation

D’autres grandes banques européennes préparent également des offres de cryptomonnaie. La Deutsche Bank souhaiterait lancer sa propre plateforme de conservation de cryptomonnaies l’année prochaine, en partenariat avec Bitpanda et la fintech suisse Taurus, a rapporté le service d’information Bloomberg.

« L’infrastructure nécessaire à l’offre de cryptomonnaies continue de se renforcer, a pour sa part affirmé Dave Remue, chez KPMG. Ces évolutions renforcent non seulement la confiance des investisseurs particuliers, mais elles permettent également aux banquiers privés et aux gestionnaires de fortune de proposer plus facilement des cryptomonnaies à leurs clients. Des acteurs traditionnels tels que Sparkassen et Raiffeisenbank s’apprêtent déjà à lancer des services liés aux cryptomonnaies, et d’autres suivront sans aucun doute. »

« La croissance des flux entrants dans les cryptomonnaies au cours des prochaines années dépendra bien sûr de l’attrait des cryptomonnaies en tant qu’investissement. Ce qui est certain, c’est que les cryptomonnaies deviendront de plus en plus accessibles dans un cadre réglementaire mieux protégé. »

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