Tant en Belgique qu’aux Pays-Bas, les banques privées et les gestionnaires de patrimoine indépendants discutent activement. Motif : la volonté d’augmenter l’échelle afin de relever le défi des faibles taux d’intérêt et de l’augmentation des coûts de la législation et de la réglementation.
Cette évolution, confirmée par des acteurs du marché tant en Belgique qu’aux Pays-Bas, a pris un nouvel élan à l’approche de la fin du cycle économique, et des banquiers centraux tels que Mario Draghi et le président de la Fed Jerome Powell ont exprimé leur disposition à réduire les taux d’intérêt afin d’éviter un effondrement des marchés financiers.
Hausse des coûts, réduction des marges
La baisse des taux d’intérêt, qui dure depuis quelques semaines déjà, a un impact négatif majeur sur le secteur financier. Elle accroît la pression sur les coûts, tout en exerçant une pression supplémentaire sur les marges bénéficiaires. En Belgique, les bénéfices de banques telles que Degroof Petercam et Bank Nagelmackers ont fortement baissé. Il en va de même pour le gestionnaire de patrimoine anversois Dierickx Leys, dont les bénéfices ont chuté de pas moins de 67 % en 2018.
Par l’intermédiaire de Koen Hoffman de Value Square, De Tijd mentionne une autre raison, à savoir les coûts de la digitalisation, qui mettent les marges sous pression. « La baisse de nos bénéfices est principalement due au fait que nous avons investi dans les logiciels et les ressources humaines afin de faire face à l’évolution de la réglementation. Atteindre le minimum olympique n’est plus suffisant », déclare Hoffman au journal.
Les gestionnaires de patrimoine se plaignent du fait qu’ils doivent se conformer à toutes sortes d’exigences plus strictes en raison de la législation et de la réglementation, telles que MiFID II et Bâle II, ce qui mobilise beaucoup de temps, d’attention et de main-d’œuvre et, à leurs yeux, se fait au détriment de la rentabilité, d’autant plus que l’évolution des taux d’intérêt n’offre qu’une vision limitée ou inexistante sur les investissements sans risque.
Le changement d’échelle constitue donc une réponse aux défis. Ainsi, la banque néerlandaise ABN Amro a repris l’an dernier la branche belge de banque privée de la Société Générale, et Nagelmackers devrait arriver sur le marché maintenant que l’assureur chinois Ping An doit vendre cette filiale. Il y aurait également de l’agitation parmi les actionnaires au sujet de Degroof Petercam.
KBL, avec Puilaetco Dewaay, ainsi que le groupe français Indosuez Wealth Management de Crédit Agricole sont d’autres acteurs qui ont rendu publique leur présence sur le marché des acquisitions. Du côté néerlandais, outre ABN Amro, les noms de Van Lanschot Bankiers et Triodos sont également mentionnés. Eux aussi souhaitent renforcer leur position en Belgique.
Les acteurs belges se tournent vers les Pays-Bas, et vice versa
Pour sa part, la Banque Delen est active aux Pays-Bas. Elle a incorporé le gestionnaire de patrimoine indépendant Oyens Van Eeghen il y a quelques années et étend maintenant sa couverture nationale, tandis que le groupe luxembourgeois Foyer au Benelux, ainsi qu’aux Pays-Bas, est actif avec CapitalatWork. KBL, également basée au Luxembourg, a franchi le pas en 2017 en fusionnant sa filiale néerlandaise Insinger de Beaufort avec la petite banque privée Theodoor Gilissen pour former InsingerGilissen.
Parmi les gestionnaires de patrimoine néerlandais également, tout le monde parle actuellement de fusions et acquisitions. Fondsnieuws, plateforme sœur d’Investment Officer, a fait notamment état de l’acquisition de la société néerlandaise Julius Baer par Wealth Management Partners (WMP) et de la reprise d’OHV par Petrus Wealth Management.