Une récession dans la zone euro et aux États-Unis ne chassera pas les investisseurs des marchés privés. Telle est la conclusion de Goldman Sachs Asset Management sur la base d’une enquête menée auprès de plus de 200 investisseurs institutionnels et gestionnaires de fonds.
Pour la majorité des investisseurs interrogés en juin et juillet 2023, une récession est imminente. 90 % d’entre eux estiment qu’elle touchera la zone euro au cours des deux prochaines années, et environ la moitié de ces Cassandre s’attendent à ce que l’économie européenne se contracte encore cette année, tandis que l’autre moitié ne prévoit pas cette contraction avant fin 2024. Pour les États-Unis, 77 % des investisseurs anticipent une récession, la plupart estimant qu’elle se produira l’année prochaine seulement.
Les participants à l’enquête ont cependant indiqué que la perspective d’une récession n’aura pas d’impact significatif sur leurs investissements sur les marchés privés. Selon Goldman Sachs, cela signifie que les investisseurs ne veulent pas commettre les mêmes erreurs qu’en 2001 et 2008, lorsqu’ils avaient négligé les placements alternatifs en raison du climat de crise. Ils ont ensuite passé des années à essayer de combler les lacunes dans leur portefeuille.
Il existe néanmoins des favoris dans lesquels les investisseurs institutionnels souhaitent rester investis de toute façon. Il s’agit en premier lieu de la dette privée, suivie du capital-risque et des infrastructures. L’immobilier est la seule catégorie qui semble réellement souffrir de la perspective d’une récession. Parmi les investisseurs interrogés, 28 % indiquent qu’ils réduiront probablement leurs investissements dans cette catégorie. La majorité estime que l’immobilier est surévalué, ce qui est d’ailleurs également valable pour la catégorie des buy-outs.
La dette privée en vogue
La croissance de l’intérêt pour la dette privée se reflète également dans les derniers chiffres publiés par PitchBook. Au cours du premier semestre 2023, 94,9 milliards de dollars de nouveaux fonds ont été levés dans cette classe d’actifs, soit plus que durant la même période l’année précédente (91,4 milliards de dollars). PitchBook prévoit que l’ensemble de l’année 2023 générera plus de 200 milliards de dollars de « nouvelle » dette privée.
Le total des actifs sous gestion dans la catégorie dette privée atteint désormais plus de 1750 milliards de dollars au niveau mondial, dépassant en taille le capital-risque. Cette catégorie a toujours été la deuxième en termes d’importance, après le capital-investissement bien sûr, mais la dette privée lui a maintenant ravi cette deuxième place.