Donald Trump a réussi à retirer sept entreprises chinoises des indices MSCI. Le 15 décembre, MSCI a annoncé que Semiconductor Manufacturing International, China Communications Constructions Group, China Spacesat, China Railway Construction, CRCC, Hangzhou Hikvision et Dawning Info seront retirés de tous les indices à compter du 5 janvier 2021.
Une telle décision a un impact majeur, puisque plus de 12 000 milliards de dollars sont investis dans des fonds que MSCI utilise comme indices de référence.
D’autres fournisseurs d’indices, dont FTSE Russell, Nasdaq et S&P Global Dow Jones, avaient déjà répondu à l’appel de Trump. En début de semaine, la populaire application Robinhood a déjà indiqué que ces entreprises ne peuvent plus être achetées via cette plateforme et, par commodité, y ajoute également China Mobile, CNOOC et China Telecom. Si les investisseurs ne vendent pas ces actions avant la date limite, Robinhood le fera pour eux.
Cette exclusion n’est pas une conséquence du Holding Foreign Companies Accountable Act, mais vise spécifiquement les sociétés ayant des liens avec les forces armées chinoises. En théorie, ce sont toutes des entreprises chinoises. En Chine, il n’y a pas de séparation entre le complexe militaire, le Politburo et le Parti communiste. Dans chaque entreprise chinoise, un commissaire du parti veille. Le pouvoir de cette personne s’est encore accru sous Xi Jinping.
Certaines entreprises néerlandaises, telles qu’Unilever et ASML, sont également confrontées à ce que l’on appelle les comités de parti, qui surveillent et peuvent exercer un grand pouvoir de manière informelle. Il est donc possible qu’à l’avenir, encore plus d’entreprises figurent sur la petite liste de Trump. En ce qui concerne cette question, MSCI s’est jusqu’à présent retenue. En théorie, même les entreprises hors de Chine pourraient tomber sous le coup de ce boycott. Le gouvernement américain est déjà en train de déterminer si ASML peut ou non faire des affaires avec la Chine.
Avec cette décision, les Américains utilisent définitivement les investissements en tant qu’arme et franchissent ainsi une ligne qui peut nuire à la confiance sur les marchés financiers. Pour les constructeurs d’indices, il existe également des risques commerciaux. C’est précisément à un moment douloureux où S&P inclut Tesla dans l’indice à un niveau record que tous les constructeurs d’indices peuvent maintenant expliquer que ce n’est pas un comité indépendant qui détermine sur la base de règles objectives ce qui sera inclus dans l’indice, mais que c’est le président américain lui-même.
Auparavant, le dollar américain avait déjà été utilisé comme arme contre des pays comme l’Iran, le Soudan et le Venezuela, ce qui n’avait eu pratiquement aucun impact sur les entreprises américaines. La Chine, cependant, est d’un autre ordre. Les entreprises américaines ont de gros intérêts en Chine et il serait étonnant que les Chinois ne réagissent pas à la dernière mesure des États-Unis. Le fait que le dollar américain soit utilisé comme arme contre les pays producteurs de pétrole est l’une des raisons pour lesquelles la Chine tente de positionner le renminbi en tant que monnaie de réserve alternative au dollar. C’est aussi la raison pour laquelle une part toujours croissante du pétrole est aujourd’hui négociée en renminbi.
Le boycott américain des entreprises chinoises a certainement aussi joué un rôle dans le contrôle accru de Pékin sur Hong Kong, le centre financier de l’Asie. La grande question est bien sûr de savoir comment le futur président Biden va gérer cette politique de Trump. La Chambre des représentants a adopté à l’unanimité le Holding Foreign Companies Accountable Act, ce qui n’est pas de bon augure. Manifestement, les démocrates considèrent également les marchés financiers comme un moyen d’atteindre un objectif politique. En conséquence, la politique américaine ressemble de plus en plus à la politique européenne.
Le gouvernement néerlandais interdit d’investir dans des armes controversées et il n’est plus possible d’investir dans des entreprises telles qu’Airbus, Boeing, General Dynamics, Raytheon, United Technologies et même Lockheed Martin. Ceci alors que Lockheed Martin a bien avancé dans le domaine de la fusion nucléaire, ce qui permettrait d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris de manière très concrète. Le gouvernement néerlandais n’a jamais réussi à lui seul à faire sortir ces actions de l’indice.
Mais l’année prochaine, l’Union européenne déterminera ce que nous devons entendre par durabilité. Encore un peu de temps et la composition complète de l’indice et donc, du portefeuille, sera déterminée par la politique. Ainsi, nous deviendrons tous un peu chinois.
Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fait part de son analyse et de ses commentaires sur les conséquences de la crise du coronavirus pour l’économie et les marchés sur Fondsnieuws. Ses articles paraissent le mardi et le jeudi.