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Ant Group sera introduit en bourse le 5 novembre. L’entreprise est valorisée à 313 milliards de dollars, ce qui équivaut pratiquement à la capitalisation boursière de JP Morgan. Ant Group veut lever un total de 34,4 milliards de dollars, soit plus que la récente introduction en bourse de Saudi Aramco. Avant cela, Alibaba, la maison-mère d’Ant, était la détentrice du record avec son introduction en bourse en 2014. Ant Group bénéficiera d’une double cotation à Shanghai et à Hong Kong.

La cotation est un jalon dans le développement du système financier chinois, joue un rôle dans l’aspiration à faire du renminbi une monnaie de réserve et peut constituer le point de départ d’une nouvelle hausse des actions chinoises.

Ant est connue pour Alipay, mais est bien plus qu’une société de paiement. Plus de la moitié du chiffre d’affaires provient du digital wealth management, des prêts en ligne et de l’assurance en ligne. Et tout cela, via la ‘super app’ d’Alipay, un écosystème proposant différents services allant des achats en ligne aux critiques de restaurants. Après la grande crise financière, le gouvernement chinois a choisi de miser pleinement sur la fintech et non sur la poursuite de la croissance des banques et des assureurs. Pékin a constaté que les banques et les assureurs ont joué un rôle négatif important dans la crise précédente. De plus, c’était une évolution sur laquelle les pouvoirs publics n’avaient que difficilement prise. Une perte de contrôle aussi importante est un trop grand pas pour le Parti communiste chinois. La fintech permet de contourner les banques, d’où le remarquable essor des paiements numériques en Chine au cours des dix dernières années. En Chine, il est plus facile de payer en lisant un code QR que par d’autres moyens de paiement. Il y a de plus en plus de magasins où il n’est pas possible de payer en liquide ou par carte de crédit, mais uniquement avec Alipay ou WeChat. Grâce à ce système de paiement numérique, le contrôle du gouvernement est optimal. L’argent noir appartient au passé et les activités illégales sont rapidement détectées.

Ce contrôle de Pékin permet d’utiliser le renminbi comme moyen de paiement également en dehors de la Chine. Pour l’instant, il y a encore des contrôles des capitaux, ce qui permet à la Chine d’empêcher une éventuelle fuite de renminbis hors de Chine. Mais lorsque le renminbi numérique sera introduit, la Chine pourra maintenir un contrôle total au-delà de ses frontières également. Sans contrôle des capitaux, les chances que le renminbi obtienne le statut de monnaie de réserve augmenteront rapidement. Aujourd’hui déjà, une proportion croissante de contrats à terme sur le pétrole est cotée en renminbis et la Banque populaire de Chine dispose de lignes de swap en renminbis avec de nombreux pays asiatiques. Une fois que le renminbi sera devenu un moyen de paiement accepté au niveau international, cela signifie également que les marchés financiers en renminbis devront être développés de manière optimale. Cela explique pourquoi Pékin attache une grande importance au bon fonctionnement du marché obligataire et du marché actions. Les Arabes et les Russes doivent pouvoir stocker leurs renminbis quelque part, ce qui augmente les chances que lors de la prochaine crise financière, le monde ne se réfugiera plus dans le dollar, mais dans le renminbi. 

La Chine est actuellement sous-pondérée par presque tout le monde, à commencer par la pondération dans différents indices. Dans les indices d’actions comme dans les indices d’obligations, ce chiffre ne dépasse pas 5 % et ce, alors que la capitalisation du marché des actions A est la deuxième du monde après celle des États-Unis. La Chine est la deuxième économie mondiale depuis un certain temps déjà et, en partie grâce à la crise du coronavirus, dépassera les États-Unis durant la prochaine décennie. La politique monétaire chinoise est loin d’être aussi extrême qu’en Europe et aux États-Unis (ce qui renforce le statut de valeur refuge de la Chine). En conséquence, le renminbi se renforce et le risque de fuite des capitaux diminue. Cependant, la masse monétaire de la Chine croît actuellement plus rapidement que son économie nominale. Le marché immobilier en a bénéficié ces derniers temps, mais le marché actions semble maintenant être le prochain candidat. Pratiquement au même moment que l’entrée en bourse d’Ant Group, Biden deviendra vraisemblablement le prochain président des États-Unis. Au vu des confrontations avec Trump, la Chine pourra alors pousser un soupir de soulagement. Malgré de meilleures perspectives de croissance, les actions chinoises sont maintenant souvent valorisées à la moitié de la valorisation de leurs homologues américaines. Dans l’ensemble, un excellent cocktail pour le début d’un rallye.
 

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