Joachim Fels, Pimco
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La croissance économique se poursuit pour le moment, mais elle va ralentir, préviennent l’économiste Joachim Fels et le CIO Global Fixed Income Andrew Balls de Pimco dans une prévision pour les 6 à 12 mois à venir. « Bien que nous nous trouvions dans une phase tardive du cycle de croissance, elle pourrait bien se prolonger longtemps – un peu comme un match de tennis avec un cinquième set sans tie-break. »

Les grandes économies poursuivent leur croissance, mais le durcissement des conditions financières et l’augmentation des incertitudes politiques et économiques vont conduire, en 2019, à un ralentissement synchronisé de la croissance des différentes économies. Bien que nous n’attendions pas de récession aux États-Unis l’année prochaine, les augmentations extrêmes des taux d’intérêt et des erreurs politiques majeures restent les principaux facteurs d’incertitude, écrivent Fels et Balls.

« Certaines des ‘mauvaises surprises’ – traitées parmi nos thèmes de long terme sur la base de notre Secular Forum annuel en mai – se sont effectivement produites au cours des derniers mois », poursuivent-ils. Quelques exemples en sont l’intensification de la dispute commerciale sino‑américaine, le conflit latent opposant l’UE au gouvernement populiste italien et, naturellement, les turbulences récentes sur les marchés émergents. Tous ces facteurs soulignent une nouvelle fois l’importance de mettre l’accent sur la retenue et la liquidité. »  

De la retenue

« Nous étions d’accord sur le fait que ces évolutions du marché et cette politique récentes étaient importantes pour nos perspectives, car elles sont responsables du durcissement des conditions financières mondiales ainsi que de l’augmentation des incertitudes politiques et économiques ; tous ces facteurs pourraient conduire à une baisse de la confiance des entreprises et consommateurs.  

Dans ce contexte et sachant que l’effet du stimulus américain de la croissance diminuera l’année prochaine, nous prévoyons, dans notre scénario de base pour les 6 à 12 mois à venir, que les différentes tendances économiques de cette année – une croissance qui accélère aux États-Unis et ralentit dans le reste du monde – feront en 2019 place à un ralentissement plus synchronisé de la croissance. D’après nos prévisions, la croissance du PIB des trois grands pôles – les États-Unis, la zone euro et la Chine – devrait être inférieure à celle de cette année. En résumé : une croissance poursuivie, mais ralentie. » 

Stopper l’intensification des conflits commerciaux

De manière générale, Pimco considère les risques inhérents à notre scénario de base d’une « croissance poursuivie mais ralentie » comme symétriques, et dont la politique commerciale à court terme, dans un sens positif ou négatif, constitue le principal facteur d’incertitude. Pour l’instant, le gestionnaire ne table pas sur une intensification plus poussée. 

« Dans le cas d’un scénario plus négatif concernant la guerre commerciale, où les États-Unis imposeraient des droits de douane sur l’ensemble des importations chinoises et sur les voitures et pièces importées de différents pays, suite à quoi les partenaires commerciaux riposteraient également par des taxes et la devise chinoise perdrait beaucoup de sa valeur, nous prévoyons certes un fort ralentissement de la croissance mondiale et américaine, mais qui ne conduirait probablement pas à une récession effective.

Si, au contraire, la guerre commerciale prenait fin, des accords étaient conclus et toutes les taxes imposées récemment ainsi que certaines taxes déjà existantes étaient abaissées, la croissance mondiale pourrait se poursuivre au rythme actuel, du moins à court terme. » 

Pour Pimco, le monde se trouve toujours dans une phase tardive du cycle, mais une telle phase pourrait bien, selon le gestionnaire, durer un moment. « On pourrait comparer cela avec un cinquième set sans tie-break à Wimbledon. Elle pourrait se prolonger si aucune erreur politique majeure n’est commise. Nous avons donc beau être conscients des risques d’un renversement soudain de la tendance, nous estimons qu’il est encore trop tôt pour nous barricader. » 

Les choses dépendront cependant beaucoup de la décision de la Fed d’augmenter ou non le taux d’intérêt de sorte à le faire nettement excéder la neutralité. Dans son scénario de base, Pimco suppose toutefois que cela ne va pas se produire, du moins pas l’année prochaine. 

L’accent sur la prudence

Lors de la composition d’un portefeuille, il est, pour Pimco, raisonnable de mettre l’accent sur la prudence et « tenir compte des risques que n’inclut pas notre scénario de base. »

« Nous voulons rester flexibles, de sorte à pouvoir réagir vite à des chocs positifs comme négatifs. Si nous devons, en échange de cette flexibilité, renoncer au rendement potentiel d’un portefeuille – par exemple en conservant davantage d’investissements très liquides à court terme –, cela nous semble équitable compte tenu du climat actuel. »  

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