Ce texte n’a pas été écrit par un robot. Un avertissement qu’il faudrait peut-être désormais placer au-dessus de chaque publication. La semaine dernière, Morningstar a annoncé qu’elle allait utiliser des robots pour rédiger des analyses d’investissement.
Morningstar évalue les fonds d’investissement à l’aide de deux notations différentes : la notation quantitative au moyen d’étoiles et la notation Morningstar Analyst Rating (MAR), une évaluation qualitative qui exprime l’analyse prospective d’un analyste Morningstar concernant un fonds. Cet analyste est maintenant partiellement remplacé par un robot. S’il n’y a pas encore de MAR disponible, une Morningstar Quantitative Rating (MQR) suit. Cette notation utilise les mêmes cotes (Or, Argent, Bronze, Neutre ou Négatif), mais suivies d’un petit Q.
Est-il encore question d’analyse qualitative ?
Cette évaluation quantitative est présentée comme une évaluation qualitative. Une véritable analyse qualitative permet de découvrir des informations approfondies concernant les motivations, les pensées et les attentes de personnes. L’analyse qualitative est axée sur des mots et non sur des chiffres. Elle nécessite des entretiens approfondis visant à trouver la réponse aux ‘pourquoi’.
L’analyste pose davantage de questions lorsqu’il y a beaucoup à dire concernant un certain sujet. L’analyse quantitative, par contre, permet de comparer des éclairages chiffrés et répond à des questions pouvant être exprimées en quantités. Dès qu’un Q est ajouté derrière la notation Or, Argent, Bronze, Neutre ou Négatif, le lecteur sait qu’il a affaire à une évaluation quantitative en plus de l’évaluation quantitative par étoiles bien connue.
J’ai maintenant une certaine expérience de l’analyse générée par des robots. Lorsqu’on passe une demi-heure à lire ce type de textes, on repère rapidement des modèles de phrases récurrents. Il y a bien eu une tentative d’introduire une certaine variation, mais elle était toujours liée aux résultats de l’analyse quantitative. En tant que lecteur, vous avez l’impression de ne plus être pris au sérieux. Cependant, il s’agit d’une expérience remontant à quelques années et l’intelligence artificielle s’est développée de manière exponentielle depuis lors.
Brave New World
Il sera désormais beaucoup plus difficile de dire si un texte a été généré par un robot ou par un humain. Pourtant, ce n’est pas comme si ce type de contenu avait envahi internet. Il est vrai que nous vivons à l’ère des fake news, mais ce sont justement des nouvelles qui n’ont pas été écrites par des robots. Pourtant, la tentation est grande de faire écrire des textes par des robots. Le contenu de ces textes est utilisé par les moteurs de recherche de Google pour faciliter la recherche de sites web.
Plus de contenu signifie donc que vous êtes trouvé plus souvent et qu’un robot continue à écrire. Pourtant, les robots d’exploration du Web de Google sont parfaitement capables de reconnaître les textes générés par des robots. Un robot utilisé pour identifier un autre robot… Brave New World.
La caractéristique des textes générés par des robots est qu’ils manquent de substance, de contenu essentiel au propre du terme. Les robots s’entraînent en lisant des millions de textes, plus que ce qu’un humain ne pourra jamais lire lui-même, mais ne tentent pas d’interpréter le texte et d’apporter ainsi un nouvel éclairage.
Y aura-t-il encore des découvertes originales ?
En définitive, le texte dépend de la mission qu’un humain confie au robot. En tant que tel, un robot peut être utilisé pour répondre à des questions, compléter un texte, le rendre compréhensible ou même le résumer.
Cependant, ne comptez pas sur une découverte originale, qui distingue une excellente recherche d’une recherche médiocre.
Un robot est incapable de proposer de nouveaux éclairages en sortant des sentiers battus, tout simplement parce qu’il y a trop de sentiers. Les humains continuent de jouer un rôle crucial dans l’obtention d’un résultat acceptable.
Même une personne chargée d’écrire un texte a besoin de plus qu’un simple titre pour se lancer.
Les humains donnent eux-mêmes une direction au texte ou sont orientés dans une certaine direction par le client. Il existe déjà suffisamment de personnes pouvant être qualifiées d’encyclopédies ambulantes et qui, en termes de connaissances, sont plutôt comparables à des robots. Ces connaissances les gênent lorsqu’elles doivent rédiger un texte original.
Le danger d’un excès de connaissances
Un excès de connaissances conduit rapidement au conformisme, qui est l’ennemi de la créativité. Il en résulte une plus grande peur de proposer une idée originale fructueuse, souvent pour devoir dire rétrospectivement ‘J’y avais pensé moi aussi, mais je ne l’ai pas exprimé à voix haute’. L’étude de Wharton montre également qu’il est préférable de commencer par jouer à un jeu plutôt que de se mettre directement à écrire. Ce délai permet au cerveau de réfléchir plus librement. Maintenant, ce n’est pas comme si un robot allait remplacer tous les analystes de Morningstar.
Les 130 analystes continuent d’analyser les fonds les plus importants. Morningstar reconnaît que les humains sont nécessaires pour ajouter de la couleur à un article, ce qui, selon Morningstar, est impossible en utilisant un processus quantitatif. Pour éviter de faire perdre du temps au lecteur, mon conseil serait de mentionner au début du texte s’il a été généré par des robots ou non.
Han Dieperink est investisseur, consultant et expert de connaissances chez Fondsnieuws. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fait part de son analyse et de ses commentaires sur l’économie et les marchés. Ses articles paraissent le mardi et le jeudi.