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La société mère chinoise Daija (ex-Anbang) ne vend finalement pas la Bank Nagelmackers, dans laquelle il voit de nouveau du potentiel. Le CEO Tim Rooney, qui avait été engagé pour mener la vente à bonne fin, quitte la banque. Entretien avec Aymon Detroch, Chief Commercial Officer (CCO) de la banque Nagelmackers, afin d’expliquer le nouveau tournant dans ce dossier.

La banque Nagelmackers a connu plusieurs années mouvementées. En 2017, l’assureur chinois Ambang, devenu Daija, s’était trouvé à bout de souffle financier et avait lancé une revue de tous ses actifs hors de Chine. La banque Nagelmackers a également fait l’objet d’un examen, au terme duquel Ambang avait énoncé deux objectifs : d’une part, voir si le groupe pouvait poursuivre son développement sur une base indépendante et, d’autre part, analyser le marché afin déterminer s’il y avait suffisamment d’appétit pour une reprise à un prix équitable. Et bien que plusieurs candidats à la reprise de la banque Nagelmackers se soient présentés ces dernières années, la société mère chinoise Daija vient maintenant de décider de garder le groupe financier belge dans son giron.

Investment Officer : Qu’est-ce qui a poussé la société mère chinoise à changer d’avis ?  
Aymon Detroch : ‹Nous avons réussi à redresser les chiffres de la banque dans un laps de temps relativement court. En 2018, nous avions encore enregistré une perte de 5 millions d’euros, mais, grâce à toutes nos interventions, 2019 clôturera dans le vert. Bien que les chiffres n’aient pas encore été approuvés par le conseil d’administration, nous devrions réaliser un bénéfice d’environ 9 millions d’euros.›

IO : Qu’est-ce qui a permis le redressement de la banque Nagelmackers ?
Aymon Detroch : ‹Nous avons entièrement axé notre stratégie sur le personal & private banking. Et tout au long de l’année 2018, nous avons pris trois mesures importantes en vue d’y parvenir. Tout d’abord, nous avons développé un nouveau service numérique destiné à nos clients stratégiquement importants, qui s’est accompagné d’investissements conséquents. Ensuite, nous avons revu notre structure de coûts et, en concertation avec nos partenaires sociaux, avons réduit nos effectifs de 522 à 476 personnes. Troisièmement, nous avons procédé à un certain nombre d’interventions financières afin d’améliorer à terme la marge d’intérêt.› 

IO : Quelles ont été les conséquences de ces interventions en 2019 ?
Aymon Detroch : ‹En 2019, nous avons pu bénéficier de toutes ces mesures et remettre la banque sur les rails, avec un bénéfice d’au moins 9 millions d’euros à la clé. Mais il ne faut pas oublier que nous avons fait des efforts en 2019 également. Au début de l’année passée, nous avons complètement remanié notre réseau commercial. Nous avons fermé 12 agences et en avons gardé 42, que nous avons regroupées en clusters. Ceux-ci sont devenus des centres de connaissance à forte valeur ajoutée, où l’accent est mis sur le conseil personnalisé en matière d’investissements et de prêts. En outre, nous disposons d’une équipe de 40 indépendants et avons renforcé nos équipes institutionnelles.› 

IO : Daija soutient-elle maintenant pleinement ce revirement stratégique ?
Aymon Detroch : ‹En effet, notre société mère chinoise nous soutient pleinement et continuera à le faire, car ce redressement n’est pas encore terminé. Notre objectif est de gagner des parts de marché supplémentaires. Compte tenu de l’amélioration des chiffres, une vente n’est plus à l’ordre du jour et la procédure est terminée.›

IO : Avez-vous des garanties d’un soutien à long terme ?
Aymon Detroch : ‹Bien entendu, la certitude à 100 % n’existe pas, mais compte tenu de la situation au sein de notre banque, des opportunités de croissance présentes et des signaux que nous avons reçus de notre société mère, il nous semble évident que la volonté de nous garder à long terme est bel et bien présente.› 

IO : La banque Nagelmackers est-elle suffisamment grande pour revendiquer une part de marché supplémentaire ?
Aymon Detroch : ‹On prétend parfois que nous vendons trop de produits et qu’il serait préférable de nous concentrer sur notre core business. Nous en sommes conscients et allons très probablement réduire notre portefeuille de produits. Toutefois, aucune restructuration supplémentaire n’est prévue. Nous allons cependant continuer à nous concentrer sur les prêts, le personal en private banking sur mesure ainsi que les services institutionnels étendus. Nous sommes convaincus qu’il y a de la place pour nous en Belgique dans ces domaines.› 

IO : Le CEO Tim Rooney a annoncé son départ. Quelles mesures allez-vous prendre afin de pourvoir ce poste? 
Aymon Detroch : ‹En effet, il va quitter la banque et nous allons nommer un nouveau CEO dans les prochaines semaines. Plusieurs options sont actuellement à l’étude.›

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