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L’année 2021 est presque derrière nous. Pour les analystes, porter un regard prospectif en fin d’année est une tradition (annuelle). Voyons donc ce que 2022 peut nous offrir. À mon avis, trois grands thèmes susceptibles d’avoir un impact sur le marché boursier l’année prochaine se dégagent : l’énergie, l’inflation et (la concurrence entre) les banques centrales.

1.    Énergie

Le réchauffement climatique est un thème qui a (relativement parlant) reçu moins d’attention en 2021. Si nous tablons sur le fait qu’une solution durable à la pandémie sera trouvée, ce point pourrait à nouveau figurer au centre des préoccupations en 2022. Quelle importance cela revêt-il pour les investisseurs ? Une importance majeure ! Ces derniers exigent une compensation élevée au maintien d’entreprises polluantes dans leur portefeuille d’investissement. (Les entreprises polluantes sont définies sur la base de leurs émissions totales ou de la croissance de leurs émissions).

Cette compensation est en moyenne supérieure à 5 % par an, et ne peut s’expliquer par d’autres caractéristiques de l’entreprise (par exemple, capitalisation boursière et valorisation). Pour les entreprises proprement dites, c’est également une mauvaise nouvelle : lorsqu’elles veulent lever de nouveaux capitaux, elles doivent payer une prime plus élevée. Et ce n’est pas tout : plus les journaux publient de nouvelles à ce sujet, plus les entreprises polluantes sont durement sanctionnées. Du point de vue du risque et du rendement, l’investisseur vert peut donc dormir sur ses deux oreilles.

Lorsque le thème de l’énergie gagne en importance, cela signifie une baisse du cours des entreprises polluantes.

2.    Inflation

Ces quelques dernières semaines, un mot était sur les lèvres de tous les banquiers et analystes : l’inflation. Quelle importance revêt l’inflation pour un investisseur ? Une importance majeure ! Une hausse de l’inflation amène la banque centrale à réagir en augmentant les ‘taux d’intérêt’. Et lorsque les taux d’intérêt augmentent, les marchés actions diminuent. En particulier dans le contexte actuel, où les marchés boursiers battent de nouveaux records historiques et où il n’existe aucune alternative aux actions (TINA, there is no alternative), l’attrait accru des alternatives sans risque pourrait initier une baisse du marché boursier. Pire encore, l’éventuelle chute du marché boursier pourrait être sévère.

Pourquoi ? Ces dernières années, de nombreuses entreprises ayant des perspectives de croissance (les entreprises de croissance, le pendant des ‘actions de valeur’) sont entrées en bourse. Qu’est-ce que les entreprises de croissance ont de si spécial ? Non seulement elles ont un ratio book-to-market plus faible, mais elles ne versent la plupart de leurs flux de trésorerie qu’après quelques années seulement (il suffit de penser à la politique de dividendes d’Apple ou de Microsoft). Lorsque les taux d’intérêt augmentent, tous les flux de trésorerie perdent de la valeur (parce que les flux de trésorerie rapportent relativement parlant moins que l’alternative sans risque), mais – et c’est justement crucial – les flux de trésorerie plus éloignés dans le futur baissent beaucoup plus fortement que les flux de trésorerie de l’année suivante.

Si l’inflation augmente, c’est une mauvaise nouvelle pour le marché boursier, en particulier pour les entreprises de croissance.

3.    Banques centrales

L’année dernière, le regard s’est souvent porté sur les banques centrales. La Réserve fédérale devait apporter une solution, notamment à la hausse du chômage. La Banque centrale européenne parlait quant à elle du climat et (des préoccupations relatives à) l’inflation. Ce thème devrait continuer à jouer un rôle en 2022. Si l’histoire peut être prédictrice, il n’y a vraiment qu’un seul acteur qui compte : la Réserve fédérale. Entre 2000 et 2019, lorsque la Réserve fédérale a pris ses décisions en matière de politique monétaire (les réunions du FOMC), les marchés boursiers ont évolué positivement. Et la bourse américaine n’est pas la seule à avoir rebondi, car les marchés européens et asiatiques ont également affiché des chiffres verts après les réunions du FOMC

Le graphique ci-dessous montre que tous les marchés boursiers ont augmenté de 0,4 % à 0,6 % (par jour) en moyenne.

 

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Lorsque leurs homologues britanniques, japonais ou européens ont ensuite diffusé un message (important), le marché n’a en moyenne pratiquement pas réagi. Pour reprendre les mots de Tolkien : « One central bank to rule them all ». Il sera donc très intéressant de voir comment la concurrence entre ces banques se jouera en 2022.

Si l’histoire est un guide, il n’y a qu’une banque centrale pour diriger les marchés boursiers.

 

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